Feillet

Jésus a fait sa part. Faisons la nôtre !

Publié le

Le titre du livre est emprunté à Bernard Feillet(1). Un jour, un chrétien lui posa la question suivante à propos d’une situation d’actualité dont la solution n’avait rien d’évident : « Si Jésus vivait de nos jours, que dirait-il, que ferait-il ? ». B. Feillet lui rétorqua sans hésiter : « Jésus a fait sa part, faisons la nôtre ». Il ne mettait pas en cause que Jésus soit et demeure une source d’inspiration pour les humains et notamment pour ceux qui se disent ses disciples, les chrétiens. Il contestait seulement radicalement l’illusion que, 20 siècles après sa mort, Jésus soit là à nous souffler à l’oreille que penser et faire pour être fidèle à l’esprit qui l’animait et qui se traduisait par des paroles et des actes de libération. Nul doute que la réponse de Bernard Feillet peut encore spontanément faire l’effet d’une douche froide chez des chrétiens qui croient, sans l’ombre d’un doute, qu’en invoquant Jésus dans les passes difficiles, il leur suggérera la marche à suivre ou encore, qu’en implorant le Saint-Esprit, ils sauront comment penser et agir. Son affirmation est pourtant imparable : Jésus n’est plus là, comme il l’était au milieu de ses compagnons et compagnes sur les routes et dans villages de Galilée. Son cheminement s’est terminé brutalement avec son assassinat sur une croix, suite au procès inique qu’on lui a intenté.

Si quelque temps plus tard ses disciples l’ont déclaré vivant au-delà de la mort, c’était pour signifier que le dynamisme de vie qui l’animait dans ses choix et engagements au service de l’homme bafoué, marginalité, rejeté, n’a pu être réduit à néant par ses adversaires. Un humain vivant de la vraie vie, on peut l’exécuter, faire disparaître son cadavre dans une fosse commune, mais ce qui en lui était inspiré par la passion du vrai et investi dans une pratique d’accueil d’accompagnement et de défense d’autrui est impérissable, indestructible, et rayonne comme un appel à prendre la relève. Pour ceux qui avaient vécu un compagnonnage intime avec le nazaréen durant un ou deux ans, proclamer que Dieu l’avait ressuscité d’entre les morts ne prétendait nullement évoquer son retour à la vie physique, mais affirmer avec force que contrairement aux apparences le crucifié n’était ni un fossoyeur de la religion ni un réprouvé de Dieu, mais en réalité son fidèle parmi les fidèles, le Vivant par excellence du fait de son existence consacrée à promouvoir l’humain défiguré ou sous-développé chez ses compatriotes. Témoin de la vraie Vie, il le demeurait pour eux et le serait pour tous ceux qui mettraient leurs pas dans les siens. N’empêche que Jésus avait accompli définitivement ce qu’il avait à faire, sa propre part d’humanité. Son expérience vécue est circonscrite à jamais dans un temps et un contexte donnés. Depuis plus de trois siècles les travaux des exégètes qui scrutent les textes évangéliques pour en découvrir la signification, s’ils ne peuvent reconstituer une biographie de Jésus durant l’année ou les deux ans de sa vie publique, ont par contre mis en relief la nature des engagements de Jésus, les enjeux sur lesquels il a mené ses combats, les motivations qui l’ont mobilisé, les conflits qu’il a suscités et l’esprit dans lequel il vivait sa relation avec son Dieu. C’est là le testament qu’il a laissé. Et il est sans ambiguïté. Depuis 20 siècles, lui parti, c’est à nous ses disciples, touchés au fond de nous-mêmes par la qualité de son existence et vérifiant dans notre propre vie la fécondité de sa démarche – en ce sens Jésus nous est présent -, qu’il revient la responsabilité de donner corps d’une manière inédite à l’esprit qui l’animait. À nous de l’actualiser dans le monde singulier où nous vivons, à travers les événements traversés, dans les choix que nous avons à faire et que personne d’autre ne peut faire à notre place. À nous de faire notre part sur les traces de Jésus, en mettant en œuvre, personnellement et collectivement, notre intelligence, nos intuitions, notre réflexion, notre volonté. N’attendons pas de lumières spéciales, d’illumination subite, de paroles venues du ciel. Nous sommes radicalement seuls avec nous-mêmes et les uns avec les autres pour réfléchir et prendre des décisions. Bien sûr, la mémoire vive de ce que fut Jésus au plus intime de notre être, autant que nous puissions le percevoir dans le recueillement et la méditation des évangiles, est une source d’inspiration qui guide, oriente, mais jamais ne télécommande. C’est à chacune et chacun de nous et ensemble de risquer cette actualisation originale. Les chrétiens de la communauté de l’évangile de Jean étaient conscients de cette responsabilité et de la confiance qui leur était faite. Dans le discours d’adieu de Jésus à ses disciples, l’auteur de l’évangile met sur les lèvres de Jésus ces étranges paroles : « Vous ferez vous aussi les œuvres que je fais et même de plus grandes(2) ». C’est dire que ce disciple et sa communauté étaient convaincus que Jésus n’avait pas épuisé dans sa façon de vivre tout ce que les humains sont capables d’inventer en formes d’humanité. Et qu’il était de la responsabilité de ceux qui marcheraient sur les pas de Jésus de le manifester à travers une infinité de traductions, tributaires de leurs cultures singulières et de leurs contextes de vie particuliers. Cette façon de concevoir une fidélité inventive et exigeante m’anime depuis des dizaines d’années et c’est le sujet de ce livre. Il n’est pas un exposé en bonne et due forme sur ce thème. Je le traite à partir d’une somme d’articles, de conférences et même d’une interview que j’ai écrits, prononcées depuis plus de vingt ans, en lien avec des groupes de chrétiens qui s’interrogent comme moi sur la manière de vivre un christianisme créatif dans les réalités de leur vie personnelle et sociale et non dans la reproduction d’un modèle historique reposant sur une doctrine, une morale et une structure qui serait la vérité intangible. Dans ces textes écrits isolément les uns des autres, on trouvera de temps en temps des répétitions. C’est la marque de leur convergence et de la cohérence de mes propos. Le sujet est loin d’être épuisé. À vous, lecteurs, de l’enrichir, de l’approfondir. Les pages qui suivent n’ont donc pas d’autre ambition que d’aider et de conforter les chrétiens à vivre leur fidélité créatrice à l’Evangile dans la liberté et la responsabilité, avec intelligence, courage, intégrité, pour le traduire en paroles et en actes dans leur existence personnelle et sociale et aussi au sein de la communauté des chrétiens.
Jacques Musset
Jésus a fait sa part, faisons la nôtre
Pour une fidélité créatrice
Jacques Musset
En vente en librairie et chez l’auteur, (12, rue du Ballon, Ste Pazanne 44680)
6€ de port en France ; 2€ vers les pays de l’U.E.
Ed. Golias, 2021, 19€
(1) Bernard Feillet, Prêtre du diocèse de Paris (1932-2019), à l’origine de la chapelle St Bernard de la gare de Montparnasse, écrivain et conférencier sur les thèmes du christianisme repensé dans la culture de notre temps. Auteur notamment de « L’errance » (DDB) et « L’arbre dans la mer » (Bayard).
(2)Jean 14,12

Jésus a fait sa part Faisons la nôtre. J. Musset

Publié le Mis à jour le

Jésus a fait sa part. Faisons la nôtre !
Musset Jacques

Le titre du livre est emprunté à Bernard Feillet(1). Un jour, un chrétien lui posa la question suivante à propos d’une situation d’actualité dont la solution n’avait rien d’évident : « Si Jésus vivait de nos jours, que dirait-il, que ferait-il ? ». B. Feillet lui rétorqua sans hésiter : « Jésus a fait sa part, faisons la nôtre ». Il ne mettait pas en cause que Jésus soit et demeure une source d’inspiration pour les humains et notamment pour ceux qui se disent ses disciples, les chrétiens. Il contestait seulement radicalement l’illusion que, 20 siècles après sa mort, Jésus soit là à nous souffler à l’oreille que penser et faire pour être fidèle à l’esprit qui l’animait et qui se traduisait par des paroles et des actes de libération. Nul doute que la réponse de Bernard Feillet peut encore spontanément faire l’effet d’une douche froide chez des chrétiens qui croient, sans l’ombre d’un doute, qu’en invoquant Jésus dans les passes difficiles, il leur suggérera la marche à suivre ou encore, qu’en implorant le Saint-Esprit, ils sauront comment penser et agir. Son affirmation est pourtant imparable : Jésus n’est plus là, comme il l’était au milieu de ses compagnons et compagnes sur les routes et dans villages de Galilée. Son cheminement s’est terminé brutalement avec son assassinat sur une croix, suite au procès inique qu’on lui a intenté.

https://pleinjour.wordpress.com/2021/08/16/jesus-a-fait-sa-part-faisons-la-notre-j-musset/


Si quelque temps plus tard ses disciples l’ont déclaré vivant au-delà de la mort, c’était pour signifier que le dynamisme de vie qui l’animait dans ses choix et engagements au service de l’homme bafoué, marginalité, rejeté, n’a pu être réduit à néant par ses adversaires. Un humain vivant de la vraie vie, on peut l’exécuter, faire disparaître son cadavre dans une fosse commune, mais ce qui en lui était inspiré par la passion du vrai et investi dans une pratique d’accueil d’accompagnement et de défense d’autrui est impérissable, indestructible, et rayonne comme un appel à prendre la relève. Pour ceux qui avaient vécu un compagnonnage intime avec le nazaréen durant un ou deux ans, proclamer que Dieu l’avait ressuscité d’entre les morts ne prétendait nullement évoquer son retour à la vie physique, mais affirmer avec force que contrairement aux apparences le crucifié n’était ni un fossoyeur de la religion ni un réprouvé de Dieu, mais en réalité son fidèle parmi les fidèles, le Vivant par excellence du fait de son existence consacrée à promouvoir l’humain défiguré ou sous-développé chez ses compatriotes. Témoin de la vraie Vie, il le demeurait pour eux et le serait pour tous ceux qui mettraient leurs pas dans les siens. N’empêche que Jésus avait accompli définitivement ce qu’il avait à faire, sa propre part d’humanité. Son expérience vécue est circonscrite à jamais dans un temps et un contexte donnés. Depuis plus de trois siècles les travaux des exégètes qui scrutent les textes évangéliques pour en découvrir la signification, s’ils ne peuvent reconstituer une biographie de Jésus durant l’année ou les deux ans de sa vie publique, ont par contre mis en relief la nature des engagements de Jésus, les enjeux sur lesquels il a mené ses combats, les motivations qui l’ont mobilisé, les conflits qu’il a suscités et l’esprit dans lequel il vivait sa relation avec son Dieu.

C’est là le testament qu’il a laissé. Et il est sans ambiguïté. Depuis 20 siècles, lui parti, c’est à nous ses disciples, touchés au fond de nous-mêmes par la qualité de son existence et vérifiant dans notre propre vie la fécondité de sa démarche – en ce sens Jésus nous est présent -, qu’il revient la responsabilité de donner corps d’une manière inédite à l’esprit qui l’animait. À nous de l’actualiser dans le monde singulier où nous vivons, à travers les événements traversés, dans les choix que nous avons à faire et que personne d’autre ne peut faire à notre place. À nous de faire notre part sur les traces de Jésus, en mettant en œuvre, personnellement et collectivement, notre intelligence, nos intuitions, notre réflexion, notre volonté. N’attendons pas de lumières spéciales, d’illumination subite, de paroles venues du ciel. Nous sommes radicalement seuls avec nous-mêmes et les uns avec les autres pour réfléchir et prendre des décisions. Bien sûr, la mémoire vive de ce que fut Jésus au plus intime de notre être, autant que nous puissions le percevoir dans le recueillement et la méditation des évangiles, est une source d’inspiration qui guide, oriente, mais jamais ne télécommande. C’est à chacune et chacun de nous et ensemble de risquer cette actualisation originale. Les chrétiens de la communauté de l’évangile de Jean étaient conscients de cette responsabilité et de la confiance qui leur était faite. Dans le discours d’adieu de Jésus à ses disciples, l’auteur de l’évangile met sur les lèvres de Jésus ces étranges paroles : « Vous ferez vous aussi les œuvres que je fais et même de plus grandes(2) ». C’est dire que ce disciple et sa communauté étaient convaincus que Jésus n’avait pas épuisé dans sa façon de vivre tout ce que les humains sont capables d’inventer en formes d’humanité. Et qu’il était de la responsabilité de ceux qui marcheraient sur les pas de Jésus de le manifester à travers une infinité de traductions, tributaires de leurs cultures singulières et de leurs contextes de vie particuliers.

Cette façon de concevoir une fidélité inventive et exigeante m’anime depuis des dizaines d’années et c’est le sujet de ce livre. Il n’est pas un exposé en bonne et due forme sur ce thème. Je le traite à partir d’une somme d’articles, de conférences et même d’une interview que j’ai écrits, prononcées depuis plus de vingt ans, en lien avec des groupes de chrétiens qui s’interrogent comme moi sur la manière de vivre un christianisme créatif dans les réalités de leur vie personnelle et sociale et non dans la reproduction d’un modèle historique reposant sur une doctrine, une morale et une structure qui serait la vérité intangible. Dans ces textes écrits isolément les uns des autres, on trouvera de temps en temps des répétitions. C’est la marque de leur convergence et de la cohérence de mes propos. Le sujet est loin d’être épuisé. À vous, lecteurs, de l’enrichir, de l’approfondir. Les pages qui suivent n’ont donc pas d’autre ambition que d’aider et de conforter les chrétiens à vivre leur fidélité créatrice à l’Evangile dans la liberté et la responsabilité, avec intelligence, courage, intégrité, pour le traduire en paroles et en actes dans leur existence personnelle et sociale et aussi au sein de la communauté des chrétiens.
Jacques Musset
Jésus a fait sa part, faisons la nôtre
Pour une fidélité créatrice
Jacques Musset
En vente en librairie et chez l’auteur, (12, rue du Ballon, Ste Pazanne 44680)
6€ de port en France ; 2€ vers les pays de l’U.E.
Ed. Golias, 2021, 19€
(1) Bernard Feillet, Prêtre du diocèse de Paris (1932-2019), à l’origine de la chapelle St Bernard de la gare de Montparnasse, écrivain et conférencier sur les thèmes du christianisme repensé dans la culture de notre temps. Auteur notamment de « L’errance » (DDB) et « L’arbre dans la mer » (Bayard).(retour)
(2)Jean 14,12(retour)