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Le célibat des prêtres, un calvaire pour l’église

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Mardi 13 septembre 2022 Arte a diffusé un film de Remi Benichou portant ce titre.
Il est possible de le voir en replay en allant sur le Site de Arte ou en cliquant directement sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=U5sr632kLDI&t=3021s

https://www.arte.tv/fr/videos/097605-000-A/celibat-des-pretres-le-calvaire-de-l-eglise/

La majorité des prêtres dans l’église catholique à travers le monde ne respecteraient plus aujourd’hui le célibat que la hiérarchie de leur Église leur impose. Ce documentaire explore les différentes facettes de cette réalité et confronte l’Église catholique à ses contradictions autour de cette sacro-sainte règle, synonyme de souffrances. 
Nombre de témoignages de prêtres, de compagnes, d’enfants de prêtres mis aussi des perspectives nouvelles en Suisse, en Autriche, en Allemagne ou en Afrique. Certaines nous étonneront mais elles disent à la fois le mal-être des prêtres, leur volonté de s’émanciper de ces interdits et d’inventer dans la fidélité à l’évangile et bien souvent contre la rigidité et le manque d’initiative des évêques pétrifiés par la perspective d’un schisme.
Le transit de prêtres et d’évêques anglicans,(les plus conservateurs d’ailleurs, puisque ce sont ceux qui ont refusé l‘ordination de femmes) vers l’église catholique a vu arriver des prêtres et d’évêques mariés à des fonctions dans cette église. De même avec l’arrivée de pasteurs protestants dans les mêmes conditions d’accueil. Et on répète comme un cantique à refrain qu’il y aurait incompatibilité entre le sacrement de mariage et le sacrement de l’ordre (l’ordination sacerdotale ou épiscopale) ! L’hypocrisie sacralisée en théologie !
Nul doute que le Pape François a loupé le coche lors de la conclusion du Synode sur l’Amazonie, celui qui avait été consacré précisément au manque de personnel dans les territoires d’Amazonie. Tout le monde attendait une sage décision : autoriser l’ordination d’hommes mariés. Mais les conservateurs, avec les cardinaux Sara et Burque en tête (Burque, vous le connaissez, le monsieur à  la traine de 8 mètres !) avaient organisé la contrattaque. Et le pape a renoncé !  Cette occasion ne se représentera pas de sitôt !
Après l’avoir visionné le documentaire, n’hésitez pas d’ajouter votre commentaire sur le Site de Arte ou aussi sur notre Site. Merci.

Faut-il que les prêtres soient célibataires parce que Jésus était célibataire ?

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Faut-il que les prêtres soient célibataires parce que Jésus était célibataire ?

(N.B. Article un peu long. Ne vous découragez pas.
Vous ne devriez pas le regretter !)

Article tiré du Bulletin de Plein Jour Pâques 2020.

Par quels arguments justifie-t-on aujourd’hui encore le célibat des prêtres ?
L’un de ceux-ci, le plus enraciné peut-être, : Jésus était célibataire.

Nous ne chercherons pas ici à savoir si effectivement Jésus était célibataire. Certains chercheurs pensent même que ses relations avec Marie-Madeleine viennent perturber cette affirmation habituelle ! Nous regarderons plutôt vers un autre aspect. Nous nous interrogerons : s’il en est ainsi, pourquoi Jésus serait-il resté célibataire ? En effet si nos hiérarques nous affirment qu’ils veulent maintenir cette discipline du célibat (« discipline » mais pas dogme, nous répète-t-on, fort justement d’ailleurs !) et précisément pour ce motif-là, il est vital de savoir pourquoi Jésus était célibataire. Traquons les indices !

Dans l’évangile de Marc, il est raconté que quelqu’un dans la foule cria à propos de Jésus « N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie ? » (Mc 6/3)  Cette manière de parler est tout à fait inhabituelle. Un bon juif est toujours référencé par rapport à son père ; on le verra notamment lorsqu’on parlera de généalogie. A travers Marc, on retrouve en permanence ce type d’expression. Lorsque Jésus appelle des disciples, ils sont désignés de même : « Lévi, fils d’Alphée ». (Mc2/14) Et plus loin, «Il vit Jacques, fils de Zébédée.»  (Mc 1/19) L’expression « Jésus, fils de Marie », ce sont les gens de Nazareth, le village où il a vécu toute son enfance, et jusqu’à ses 30 ans même, qui l’utilisent. Ils connaissaient bien la famille évidemment, 30 ans ! Ils s’étonnent de l’entendre parler si doctoralement dans leur propre synagogue. Et ils ajoutent : « N’est-ce pas le frère de Jacques, de Joseph, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs ne sont-elles pas parmi nous ? » (Mc 6/3) Or, on sait que Marc est le plus ancien des évangiles, donc le plus proche de l’époque de Jésus. Pourquoi donc cette appellation insolite « Jésus, le fils de Marie » et non le fils d’un homme ?

Dans l’évangile selon Jean, alors qu’il est sur l’esplanade du temple de Jérusalem, les scribes et les pharisiens lui amènent une femme prise en flagrant délit d’adultère. « Faut-il la lapider comme le demande la loi de Moïse. Qu’en dis-tu ? » A cette occasion, ils lui lâchent qu’ils ne croient pas à son témoignage : « Ton témoignage ne vaut pas. » Pourquoi ? Mystère ! Et plus loin, ils lui posent cette question « Où est ton père ? » (Jn 8/3)  Jésus essaie de les convaincre qu’ils sont dans le péché parce qu’ils ne croient pas ce qu’il leur dit de la part de « son père ». Ses opposants lui lancent alors « Nous, nous ne sommes pas nés de la prostitution. » (Jn 8/41) Des rumeurs circulaient-elles déjà sur sa naissance ?

A Béthanie, près de Jérusalem, Marthe va à la rencontre de Jésus. Ce dernier est venu dès qu’il a appris de la mort de son frère Lazare. Puis elle vint chercher sa sœur et donne à Jésus le titre de Maître : « le Maître t’appelle ». (Jn 11/28) Un peu plus tard, mais toujours rapporté par Jean (Jn 13/13), Jésus se reconnait lui-même comme Maître auprès de ses disciples. Après leur avoir lavé les pieds, Jésus leur dit « Vous m’appelez Maître et Seigneur; et vous dites bien, car je le suis… » et, contraste, il se présente alors comme le serviteur. Or, à l’époque, un Rabbi, un Maître, se devait d’être marié et ce, pour des raisons idéologiques. Il devait d’abord donner l’exemple et même avoir une grande famille ; cette abondance était le signe de la bénédiction et de la grande largesse de Yahvé. Un rabbi célibataire, ça ne se faisait pas ! Ce n’était pas dans la ligne. C’était hors norme ! Pourquoi Jésus Maitre, Rabbi, est-il resté célibataire ?

Dès les premières lignes de son récit de vie (1/18), Matthieu affiche une entête très explicite : « Voici quelle fut l’origine de Jésus. » Puis il enchaîne par un bref récit sur lequel on saute allègrement, et qui est pourtant unique : Joseph est très secoué par ce qu’il vient de découvrir : il est alors fiancé à Marie, ce qui à l’époque les fait considérer comme de vrais époux, mais il n’a pas encore habité avec elle. Or voilà que la jeune fille est enceinte. C’est perçu comme une chose scandaleuse. Pour le jeune couple, c’est une catastrophe ! Joseph envisage alors plusieurs hypothèses. Il veut éviter à sa fiancée, présumée infidèle, la honte de rendre public le fait qu’elle ait été enceinte avant leur mariage. Adultère signifie mort, nous l’avons entendu plus haut. Joseph ne veut pas la diffamer publiquement. Or en cas d’adultère, la loi juive autorise le divorce.  Il envisage alors une répudiation, mais secrète. Mathieu, dans son récit, considère qu’il a agi alors comme un homme « juste », donc un homme qui fait ce que dit la loi. (On s’interroge :  comment Mathieu, qui écrit dans les années 80, a-t-il connu tous ces détails ?) Or, le Deutéronome (24/1) oblige à ce que la répudiation soit publique ; elle doit être scellée par un certificat officiel. Comment sortir de la contradiction ? A moins qu’il ne s’agisse d’une mise en scène littéraire pour introduire l’annonce de la naissance dite virginale.
Que disent les autres auteurs ?

Paul, premier rédacteur d’écrits du NT (an 50-64) ne dit rien de la naissance de Jésus. Dans sa lettre aux Galates, il écrit seulement : « Dieu a envoyé son fils né d’une femme et assujetti à la loi (Galates 4/4) », comme tout le monde. Marc, premier auteur d’un évangile, commence son récit à la rencontre avec Jean Baptiste et ne dit rien de l’enfance. Jean, quatrième auteur, commence son récit (après le prologue sur le Verbe) par l’enquête menée par des pharisiens auprès de Jean Baptiste : « Qui es-tu ? » ; et lui non plus ne dit rien de l’enfance.
Quand donc a été introduite dans ces écrits du NT l’invention de la naissance virginale ? Or, concevoir une mère-vierge est une pure contradiction, impensable pour un juif. On sait que Matthieu et Luc ont copié en grande partie les récits de Marc, sauf pour l’enfance où ils ont innové. Matthieu, qui compose son récit 20 ans après Marc, affirme clairement que Marie s’est trouvée « enceinte du fait du Saint esprit ». Luc, 10 ans après lui, met en œuvre tout un scénario personnel avec apparitions d’anges spécialement porteurs de révélations. « Tu concevras un fils, dit l’ange à Marie. Tu lui donneras le nom de Jésus (ie. Dieu sauve)… Dieu lui donnera le trône de David son père… » Et plus loin : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du très haut te prendra sous son ombre… » Un condensé de révélations, toutes à la fois : une conception surprise, un nom, un trône, le très haut…  Les anges, envoyés de Dieu et ses porte-parole dans la cosmogonie biblique, sont le plus souvent aussi des « deus ex machina » de théâtre.

Toujours est-il que Jésus n’a pas de père.

Matthieu, lui, introduit son évangile-bonne nouvelle par une généalogie. Ils ne sont que deux à mentionner une généalogie : Matthieu et Luc. Mais Luc la situe plus en aval (Ch 3), lors du baptême de Jésus, après avoir cité les paroles venues du ciel : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. » paroles tirées du Psaume 2 et qui signifient l’introduction de Jésus comme Messie pour le peuple juif. Comme un parallèle à l’affirmation de Matthieu : « Jésus, fils de David ». Mais Luc ajoute, tout de suite après, une parole sibylline : « Il était fils, croyait-on, de Joseph. » (Lc 3/23) Croyait-on ! Peu d’entre les lecteurs s’attardent à ces généalogies étranges. Quel intérêt représente cette longue litanie de noms, la plupart inconnus de nous ? Pourtant ce texte placé au cœur du récit évangélique chez Marc, mais en introduction chez Matthieu (Ch 1), ne peut pas être placé là sans raison. Pour traduire « evangelium », nous employons l’expression « Bonne nouvelle » sans toujours nous demander en quoi ces textes racontent une bonne nouvelle ; quelle a été la bonne nouvelle en particulier pour les juifs de la génération de Jésus ? Nous devons en effet nous situer au niveau de leur histoire sans empiéter sur la suite et notamment, sur ce que le message a pu devenir.
Nous nous plaçons ici sur le plan du Jésus de l’histoire, plan différent du Jésus de la foi. On sait que cette distinction est fondamentale dans la manière dont les exégètes réfléchissent aujourd’hui à une meilleure compréhension de Jésus et de son message en le replaçant dans son cadre d’origine. Jésus est un juif à 100%. Il nous faut reléguer dans le passé cette manière de le comprendre comme le fondateur d’une nouvelle religion. Jésus, juif et vrai juif fidèle, a voulu être un réformateur de la loi juive, et donc de la manière de vivre en bon juif.
Essayons alors de comprendre pourquoi, en introduction, Matthieu nous présente une généalogie qui, à première vue, nous semble vraiment fastidieuse. Sa lecture est de fait surprenante, sans rapport apparent avec une « bonne nouvelle »… sauf si nous arrivons à la resituer dans son contexte. Nous savons que Matthieu, qui écrit après Marc, s’adresse à un public juif. Or dès le lever du rideau, dès la première ligne, il nous annonce « Jésus, fils de David ». On ne sait encore rien de sa vie, pas même sa naissance ou ses premières prédications, et le voilà déjà en quelque sorte sacré roi, parce que désigné comme fils du grand roi David. Ce dernier aurait régné de -1010 à -970 selon une estimation des archéologues.  Osons la comparaison, je vois mal comment, arrivant dans un groupe de travail à l’usine ou au bureau, je devrai me présenter comme le fils d’un aïeul qui vivait plus de 1.000 ans avant moi !! Mais hélas ! nous nous sommes habitués à lire cela, sans sourciller, dans les livres bibliques !
Cette généalogie de Matthieu nous présente d’une manière répétitive X fils de Y, l’un et l’autre étant toujours des hommes, rien que des hommes; tel père engendra tel fils… Sauf en 4 endroits. En effet quatre femmes, se sont glissées dans cette longue énumération, quatre mères. Et ces noms d’intruses n’ont pas été choisis au hasard car l’auteur veut montrer dans quelle histoire il situe Jésus. A sa différence, Luc, dans sa généalogie, reste très classique ; il n’y introduit aucune femme.
Regardons en détail. Ces histoires sont riches de sens et les juifs de l’époque, fiers et pétris de l’histoire d’un peuple auxquels ils appartiennent, peuple choisi par Dieu, ont dû les interpréter bien plus facilement que nous ! Qui sont ces quatre femmes ? Et pourquoi sont-elles là ?

  1. Tamar est la première nommée : « Juda engendra Péreç et Zara, de son union avec Tamar » (Mat 1/3). Qui était cette femme ? Pourquoi figure-t-elle ici ? Il nous faut dire un mot de son histoire. Tamar est une cananéenne, auparavant mariée. Elle perd son mari, qui était un juif fils de Juda. Or il existe une règle, celle du lévirat : « Quand un homme marié meurt sans descendance, un de ses frères doit prendre sa place auprès de la veuve pour lui faire un enfant qui prolongera la lignée. » Le frère s’appelle Onan ; son nom est resté célèbre ! Onan refuse de faire un enfant à son frère : « Il laissait sa semence se perdre à terre ! » » dit le texte. L’onanisme est resté dans les annales ; il se dit aujourd’hui masturbation ! Dieu le punit ; il meurt. Catastrophe pour Tamar. L’autre frère est trop jeune. Alors Tamar imagine un stratagème ! Elle se déguise en prostituée et séduit son beau-père, Juda. Il ne l’a pas reconnue sur le bord du chemin. Quand il s’apercevra que sa belle-fille est enceinte, Juda va l’injurier… avant de découvrir qu’il est le père de l’enfant ! Plus exactement de jumeaux ! (Genèse ch.38)

  2. Rahab l

    a seconde. « Salmon engendra Booz de son union avec Rahab. » (Mat 1/3) Rahab est aussi une prostituée, pas une occasionnelle comme Rahab, mais une professionnelle, une des plus belles femmes de l’histoire, raconte-t-on ! Elle habite Jéricho, ville cananéenne. Les troupes de Josué vont attaquer la ville. Josué envoie deux espions pour repérer les lieux. Rahab va cacher ces espions étrangers sur le toit de sa maison afin que les soldats de la ville ne les découvrent pas, puis les fera s’échapper par une fenêtre. En échange de ce service, les soldats de Josué épargneront sa famille alors qu’ils détruiront toute la ville de Jéricho, selon le récit biblique. Cette femme prostituée et d’origine étrangère est alors introduite dans le peuple juif pour la remercier de son geste. (Livre de Josué Ch 2 à 6)


    3. Ruth : « Booz engendra Jobed, de son union avec Ruth. » (Mat 1/5) C’est une femme qui habite de l’autre côté du Jourdain, au pays de Moab. Une étrangère encore. Elle a épousé le fils de Noémi dont la famille a été chassée de Bethléem par la famine ; mais il meurt. Un jour, elle accompagne sa belle-mère, déjà veuve aussi, qui part pour Bethléem. Ruth s’arrête pour glaner dans le champ d’un riche parent de Noémi nommé Booz. Booz l’accueille avec énormément de sollicitude au point d’ordonner à ses ouvriers de laisser volontairement tomber quelques épis en liant les gerbes. Noémi encourage sa belle-fille à séduire Booz alors qu’il vanne l’orge. « Parfume-toi, mets ton manteau et descends sur l’aire. Mais ne te fais pas connaître de cet homme jusqu’à ce qu’il ait achevé de manger et de boire. Quand il se couchera… arrive, découvre ses pieds (!!) et couche-toi. Lui t’indiquera ce que tu as à faire ! » (Livre de Ruth 3/2-5) De cette union naquit l’arrière-grand-père du Roi David ; il s’agissait pourtant d’une relation impure puisque réalisée avec une étrangère, une moabite, de celles qu’on soupçonnait d’adorer des idoles. L’auteur veut ainsi partir à contre sens des règles et des opinions habituelles farouchement opposées à toute union avec des étrangers, et surtout des étrangères, en révélant que David lui-même avait du sang moabite. Mais il y a plus !

  3. L

    a quatrième. « David engendra Salomon, de son union avec la femme d’Urie » Le texte ne donne pas son nom ! Etrange ! Pourquoi ne la nomme-t-il pas ? il s’agit d’une histoire plutôt sulfureuse encore. Elle s’appelait Bethsabée. Son nom ne nous est pas inconnu ; les peintres de la Renaissance en ont fait un de leurs motifs privilégiés ! Le roi David est marié avec la fille de son prédécesseur, Saül. Il est aussi très copain avec son fils Jonathan. Il est devenu roi de Juda, puis Roi d’israêl et messie (oint). Un soir, il aperçoit, du haut de la terrasse de son palais, une femme en train de se baigner. (2Sam 11) Elle est très belle. Il se renseigne ; c’est la femme d’un capitaine de son armée, Urie, un hittite, c’est-à-dire un étranger originaire d’un peuple d’Anatolie, un peuple florissant au siècle précédent; il est devenu un de ses lieutenants. Or, l’armée est en train de guerroyer contre les Ammonites, un royaume installé du côté de l’actuelle Jordanie.

Il fait venir la femme au palais et couche avec elle. Quelques temps après, la femme lui fait savoir qu’elle est enceinte. Alors, stratagème ! Il fait revenir Urie, le capitaine ; une nuit avec elle effacera son adultère. Mais le mari refuse de coucher avec son épouse. David le fait boire. Rien n’y fait. Alors il le renvoie au combat mais ordonne à ses généraux de le placer au plus fort des combats. Résultat assuré ! Urie est tué. Le prophète Nathan le lui reprochera. David se repent. « J’ai péché contre Yahvé ! » Mais le premier fils de David avec Bethsabée meurt. Alors David fait venir la femme, veuve, chez lui. Un second fils naîtra, illégitime ! On l’appellera Salomon ! « Et Dieu l’aima. » Quelle suite : Adultère, assassinat, machinations, trahison, cadavres accumulés… un plan sinistre dans une histoire qu’on nous avait qualifiée de « Sainte » ?! Mais David s’est repenti. Il sera loué pour sa conversion.

David a eu plusieurs épouses officielles avant Bethsabée, et peut-être une centaine, officieuses ! Officiellement 8 enfants dont 7 garçons. Pourtant, Bethsabée va jouer des coudes, appuyée par le prophète Nathan et moyennant quelques assassinats dans la famille de David, pour faire reconnaître, par un David très affaibli, son fils Salomon comme le successeur officiel. Il était pourtant d’origine particulière ! Et doublement : fils d’un adultère et fils d’une femme mariée auparavant avec un étranger ! Il régnera cependant à partir de 970. Il construira le fameux temple de Jérusalem.  Ce récit de la succession de David est capital, un des tout premiers textes écrits de la bible, disent certains chercheurs. David et son fils Salomon sont considérés comme les deux fondateurs de l’ancien Etat d’Israël. Mais il n’y aura plus de roi ni en Israël au nord à partir de 722 avant JC (avec l’invasion des Assyriens), ni dans le royaume de Juda au sud dès 587 lors de l’invasion des Babyloniens et de la déportation des élites. Comment s’accomplira alors la promesse faite à David et transmise par la prophète Nathan: « Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi et ton trône sera affermi. » Pour ta descendance « Je serai un père et il (elle) sera pour moi un fils » ? (2 Samuel 7/16) On est dans l’attente ! Un Messie naîtra de cette souche. Matthieu l’annonce : c’est Jésus.  « Celui-ci est mon fils bien-aimé » C’est la voix qui des cieux se fait entendre au baptême de Jésus. (Mat 3/17)

Qu’y a-t-il de commun à ces quatre femmes ?
Elles sont devenues mères à la suite d’irrégularités sexuelles, mais elles sont magnifiées en étant inscrites dans l’ascendance de Jésus !

https://wp.unil.ch/allezsavoir/les-aieules-sulfureuses-de-jesus/
Tamar a joué à la prostituée pour séduire son beau-père ; elle a joué la transgression contre le tabou de l’inceste. Rahab est une prostituée professionnelle. Ruth séduit Booz sur les conseils de sa belle-mère et Bethsabée est victime du droit de cuissage royal. Quelle panoplie de situations vertueuses ! De plus Tamar est cananéenne ; Rahab, aussi, habitante de Jéricho ; Ruth est moabite et Bethsabée est l’épouse d’un hittite. Enfin, caractéristique importante, majeure même : malgré cela, ces quatre femmes se retrouvent intégrées dans le peuple d’Israël, réhabilités en quelque sorte.  Elles occupent même dans l’histoire biblique des places de premier rang : Tamar engendra Péreç qui fut l’ancêtre de David. Rahab la prostituée, païenne, étrangère, du plus bas rang social, va rejoindre le peuple élu. Elle sera citée comme un modèle de foi parce qu’elle a tourné le dos à ses dieux : « Je sais que le seigneur YHWH est Dieu au ciel et sur la terre, proclame-t-elle », une véritable conversion, une magnifique profession de foi. Ruth la moabite sera aussi louée pour sa conversion au judaïsme : elle sera l’arrière-grand-mère de David. Quant à Bethsabée, elle enfantera de David le grand roi Salomon, celui qui avait été baptisé par le prophète Nathan du nom de Yedidia « le Bien-Aimé du SEIGNEUR » .

Or, la loi juive interdit rigoureusement tout commerce charnel avec les peuples étrangers. Les étrangers devaient être tenus à distance, car Il convenait de préserver la pureté, de maintenir la sainteté du Peuple que Dieu s’est choisi en le différenciant des peuples idolâtres. (Exode 23/32) D’où, entre autres, les lois très strictes sur les mariages ou encore sur la consommation. Nombreuses sont les occasions où Jésus interviendra sur la pureté. A travers les épisodes d’histoire de ces quatre femmes, l‘auteur fait même passer un message nouveau : certains métissages ont été bénéfiques ; c’est l’invitation à une ouverture. Il n’en reste pas moins que toutes ces naissances sont hors norme, le fruit d’une union irrégulière et donc illégitimes au regard de la Torah.
Dans cette généalogie de Matthieu, il y avait même, oh surprise ! une cinquième femme.

A la suite dune longue énumération descendante, d’Abraham à Jésus, et comme s’il s’agissait d’amener le lecteur à une conclusion sans la lui dicter, Matthieu insère une cinquième femme : c’est Marie ! « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus. » Contrairement aux personnages habituels de la généalogie, Joseph n’y est pas dit père de Jésus, mais « l’époux de Marie de laquelle est né Jésus. » Que veut bien signifier Matthieu en mettant quasiment en parallèle de ces quatre femmes le cas de Marie ? Elle aussi a conçu son fils dans des conditions irrégulières. Matthieu met en scène un enfant né hors mariage. Joseph n’est pas son père. L’enfant a été conçu hors d’un mariage légitimé par la Torah.
Le message est clair : avant Jésus, et dans sa lignée, il y a déjà eu d’autres naissances irrégulières dans la famille de Joseph, mais… Mathieu, vers la fin du premier siècle, a entendu lui aussi des bruits sur la naissance hors norme de Jésus et il veut certainement en atténuer l’impact. Adultère, comme le soupçonne Joseph ? Ou viol comme le suggèrent des écrits rabbiniques ? Viol attribué à un soldat romain, comme le diront certains évangiles apocryphes ? Nul ne sait !! Mais ces cinq femmes ont en commun d’avoir enfreint les lois de pureté ! Ces règles de pureté très strictes, très tatillonnes même, encadraient alors la vie quotidienne et toutes les activités des croyants. On sait comment Jésus va s’attaquer durement à ces notions de pureté, par réaction peut-être aussi ! Il sera assassiné en raison de ses interprétations et de sa liberté à l’égard de la loi.
Ainsi annonce Matthieu, à travers ces 5 unions irrégulières et ces enfants illégitimes, Dieu conduit son peuple en se servant des médiations humaines. Tous ces enfants, nés de relations irrégulières, ont été la gloire d’Israël, héritiers et garants de l’Alliance.
On disait autrefois : Dieu écrit droit avec des lignes courbes ! Matthieu y voit une continuité : Dieu intervient sans cesse dans l’histoire du salut apporté à ce peuple choisi par lui et il se sert de toutes ces situations, même les plus scabreuses au regard de la loi. Ainsi ces femmes se retrouvent désignées et exaltées par Matthieu comme aïeules et mère de Jésus, de son ascendance ! Et Marie se trouve mise au rang des « justes », justifiée avec elles.

N.B. En qui concerne ces règles de pureté-impureté, nous ne pouvons que renvoyer le lecteur à d’autres sources sur ce sujet capital afin de mieux comprendre l’univers social et religieux où Dieu est omniprésent, vulgairement dit, mis à toutes les sauces !

Un chercheur américain, Bruce Chilton, spécialiste du christianisme primitif, a ainsi proposé de voir en Jésus un « mamzer », (Deut 23/3), autrement dit un enfant illégitime, un enfant bâtard.
Bâtard ?  Ce terme nous parait choquant aujourd’hui mais pour approcher le Jésus de l’Histoire, il faut se replacer dans son histoire, celle de son temps, (« Jésus en son temps », tout nouveau à l’époque du livre de Daniel Rops) dans un lieu, la Palestine, et un temps rythmé et encadré par la loi juive. Chez nous bien des enfants naissent aujourd’hui hors mariage, certains avant mariage seulement, mais il n’y a plus cet encadrement religieux ni cette pression sociale. Le Deutéronome (23/3), lui, précisait le statut de ces enfants : ils seront exclus de l’Assemblée de Dieu; de même leurs descendants, jusqu’à la dixième génération ! Leurs droits à l’héritage sont minimes et leurs possibilités de fonder un foyer et d’avoir des enfants sont compromises. Autrement dit, le Mamzer est condamné au célibat, s’il ne veut pas que les enfants qu’il aurait pu avoir soient autant frappés d’exclusion qu’il l’a été.

Daniel Marguerat, un des meilleurs exégètes actuels du Nouveau Testament, dans son ouvrage « Vie et destin de Jésus de Nazareth » publié en mars 2019, reprend cette hypothèse. « Une généalogie en début de texte, dit-il, c’est un signal à l’intention du lecteur ; l’auteur de l’Évangile de Matthieu lui montre de quelle histoire Jésus est le produit. »
https://www.mondedelabible.com/a-lire-vie-et-destin-de-jesus-de-nazareth-par-daniel-marguerat/
Ce qui nous semblait ainsi une généalogie sans intérêt (passons au chapitre suivant, disions-nous !) est devenu une source d’information assez extraordinaire sur l’histoire même de Jésus et notamment sur cet aspect de Jésus sur lequel on a voulu calquer le statut du prêtre moderne.
Si donc, avec de grands noms de l’exégèse, nous accordons valeur à cette hypothèse, ce serait à cause d’une transgression de la loi de pureté sexuelle que Jésus serait devenu « mamzer », condamné au célibat et non célibataire par choix personnel. On mesure le dévoiement que représenterait alors l’obligation disciplinaire du célibat sacerdotal !

Jésus a du porter ce mépris, cette mise à l’écart durant son enfance et jusqu’à 30 ans « Nous, nous ne sommes pas les fruits de la prostitution », lui enverra-t-on ! Et que dire de Marie qui a du aussi supporter cette atmosphère pour elle et pour son fils ! Cette hypothèse nous permet d’ailleurs de comprendre par ailleurs pourquoi Jésus, lui-même traité comme un marginal de la société juive, a été si proche des exclus de son époque : les prostituées, les lépreux (Mc 1/40), les juifs « collabora-teurs » qui collectaient les taxes pour l’occupant romain, les possédés du démon… mais pourquoi il s’est senti aussi proche de tous ceux que leur infirmité tenait éloignés de la vie sociale : aveugles, estropiés, paralysés (Mc 2 :3)… Il n’a pas rechigné de manger avec des pécheurs, des publicains, et même des scribes dans la maison de Lévi, futur disciple. (Mc 2/13) Cette miséricorde n’est-elle pas la clé de cette Bonne nouvelle que représente le message de fraternité universelle proclamé par Jésus ?

Il reste encore beaucoup à découvrir  et à redécouvrir sur Lui. Mais nous devons aussi nous délivrer de tout ce qu’on a pu greffer sur lui abusivement au cours des siècles. Nous sommes appelés à déconstruire.  Et à lui rendre son humanité, pleine et entière, comme fruit d’une intense réflexion. Et à lui rendre aussi sa judéité.

        Jean COMBE

Pédophilie ? Comment éradiquer ce mal endémique ?

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Voici une déclaration qui ne peut que convenir à tous ceux qui luttent, et depuis longtemps, contre cette règle inutile et dangereuse du célibat imposé aux prêtres de la seule Eglise Catholique romaine.
Mais voici donc un nouveau partenaire dans la lutte contre ce célibat ! Nous ne pouvons que nous en réjouir !

 

claration au sujet de la pédophilie dans l’Église

Réseau de la Conférence des baptisé-e-s (CCBF)

 Devant la persistance et l’aggravation considérable des dénonciations par la justice civile d’actes de pédophilie dans l’Église catholique, devant l’appel du pape François à toutes les communautés catholiques, la CCBF entend prendre sa part, à la fois dans la solidarité envers les victimes et dans la vigilance contre une culture de mort qui abuse du corps d’autrui.

Elle fait sienne la vigoureuse dénonciation du cléricalisme faite par le pape François. Sans nier la profonde solidarité entre laïcs et prêtres que le jeûne et la prière peuvent insuffler, elle demande que l’Église prenne des dispositions concrètes pour aller jusqu’à la racine de ce cléricalisme qui est, pour l’Église et pour la société toute entière, un poison.

Il est urgent de ne plus fermer les yeux sur les conditions objectives qui le favorisent : célibat obligatoire, absence de femmes dans les instances de décisions, anthropologie qui méconnaît la fonction structurante de la sexualité dans le psychisme d’un être humain et se fonde sur « ce qui serait ‘naturel’, un concept qui n’existe pas, abus spirituels et emprise psychique sur des religieux, religieuses et simples fidèles, terrible culture de l’entre soi – entretenue dans les séminaires – qui définit un sérail et des gens qui lui resteront extérieurs, concentration inacceptable de toutes les décisions de l’Église – qui concernent pourtant tous les fidèles – dans les mains d’une petite caste de personnes qui se protègent les unes et les autres en toute impunité.

Car c’est masqué et pavé de bonnes intentions que le cléricalisme opère, non seulement en matière de mœurs, mais dans une manière d’être, dans un discours pervers qui instrumentalise le divin, maquille le pouvoir en « service », et infantilise le peuple catholique. Il est temps de se souvenir de l’adage « qui veut faire l’ange fait la bête. »

La CCBF observe ces jours-ci des manœuvres latérales pour minimiser ces faits, pour les imputer à un autre temps où la société n’avait pas sur ces sujets la clairvoyance actuelle, pour relativiser la notion d’attouchement, pour dire qu’une fois, c’est bien peu… et pour déplorer la médiatisation de ces « affaires ». Ces procédés sont scandaleux. Derrière, il y a un concept qui fait flores, celui de la « raison d’Église » qui veut que sous le couvert de la sainte obéissance, on minimise, on dissimule, on prétende régler « en interne » le problème, loin des micros et des caméras et pire encore, en faisant obstruction à la justice civile.

La CCBF réaffirme avec force que la justice civile doit être le premier interlocuteur de l’Église : curie, évêques et supérieurs majeurs des congrégations religieuses doivent lui communiquer toutes les informations utiles. Aussi elle demande que le pape ordonne aux intéressés d’aller systématiquement déclarer aux instances civiles les faits commis sur des mineurs. Trop souvent, dans l’Église, on croit que la justice de Dieu dépasse la justice des hommes ; mais l’une ne va pas sans l’autre. Ces dérives pathétiques, outre les effets pervers qu’elles ont sur le corps de l’Église, lui font perdre, en France en particulier, toute crédibilité en matière éthique.

Elles conduisent la CCBF à demander l’ouverture d’assises sur la gouvernance de l’Église de France. Nous croyants, sommes impliqués, nolens volens, dans ce discrédit qui nous atteint individuellement et collectivement. Nous ne pouvons croire qu’il s’agit d’exceptions. Ces événements sont la conséquence d’un mode de gestion qui a failli et qui doit être repensé avec les laics. Il faut oser faire confiance au peuple de Dieu, à son « sensus fidei », pensé en lien avec le magistère, bien sûr, ce « sens de la foi » unanimement reconnu, mais scandaleusement inutilisé. Il ne manque pas de forces, dans le monde catholique, pour donner de leurs compétences, de leur expérience et de leur foi au service d’une Église attentive aux appels de l’Évangile. « Le baptême précède et dépasse l’ordination » dit le pape François. Écoutons les baptisés et entrons délibérément dans un nouvel âge de notre Église.

 Le 22 août 2018

Le bureau

Contacts              Tel : 0681541286

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« Des compagnes de prêtres témoignent » : Sortie du livre 20 12 17

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Des compagnes de prêtres témoignent

On est à fleur de peau tout le long de l’ouvrage ; à fleur de cœur. Des compagnes de prêtres se livrent (éd. Golias, décembre 2017) parle d’amour, de part en part, de ces rencontres magiques, inexplicables, qui bouleversent la vie ; de cette alchimie mystérieuse qui fait que les choses changent en un instant, que le regard est renouvelé ; plus rien ne sera jamais comme avant… Un livre qui parle d’amour et donc souvent de souffrances. On a la chair de poule, on se sent parfois comme écorché : ce sont des vies qui sont ici révélées, sans fard.
Le témoignage de ces femmes et de ces hommes est précieux car rare : il s’agit d’anciens prêtres et de leurs époux et épouses qui expliquent ici comment « ça » s’est passé pour eux, comment ils ont vécu « ça », comment ils « en » ont parlé à l’évêque… Vingt ans après Femmes et prêtres mariés dans la société d’aujourd’hui (1), il s’agit de faire le point sur ces prêtres ayant quitté le ministère par amour et leurs conjoints, rappeler les faits, circonstances, conséquences…, sur cette rencontre, cette révélation. Dans chacun des témoignages, on distingue toujours cet amour qui emporte tout, comment Dieu prend une place finalement différente : il n’est plus dans les hauteurs, impalpable, mais bien là, au milieu de nous, au milieu de deux êtres qui s’aiment et se donnent en totale communion avec lui. Evidemment, ce sont des mots faciles à écrire après lecture, surtout quand on n’est nullement soi-même concerné… Car ces courageux sont passés par bien des affres que beaucoup trouveraient insupportables. Dans ces unions interdites, un tiers vient inévitablement s’incruster : non pas Dieu mais l’Eglise.

Le prêtre consacre sa vie à Dieu à travers elle, « il a eu le temps de mûrir cet appel » (pour le dire comme un prêtre qui ne comprenait pas le départ de collègues) durant le séminaire ; et l’Eglise n’est pas partageuse, d’où son intransigeance devant le fait amoureux d’un de ses fils à qui elle a permis d’étudier, qu’elle a construit, sur qui elle a misé. L’Eglise, finalement, ne prend pas assez en compte qu’elle a affaire à des hommes ; elle estime qu’une fois ordonnés les prêtres n’en sont plus totalement, ce sont des demi-dieux, des intercesseurs entre les laïcs et Dieu, des 
« médiateurs ». En conséquence, ces êtres à part ne peuvent plus raisonnablement partager la même vie que leurs contemporains et en premier lieu lorsqu’il s’agit d’amour. Est demandé au prêtre de le sublimer, de l’absolutiser : en refusant d’aimer une seule personne, cela permettrait d’aimer tout le monde, ce serait imiter le Christ. Première nouvelle ! L’amour que l’on porte à un conjoint n’empêche pas d’aimer ses enfants, ses collègues, ses amis, ses voisins… N’aimer personne en particulier n’a jamais permis d’aimer tout le monde : combien d’êtres seuls misanthropes ? Et combien de chrétiens laïcs, couples investis, au nom de l’amour de Jésus-Christ pour tous – en particulier pour les plus pauvres (Mt 25, 31-46) – , qui servent leurs frères et sœurs en souffrances, éloignés d’eux sous bien des formes ? Par ailleurs, l’Eglise estime que le service de l’autel nécessite des êtres purs, les relations sexuelles n’étant pas réputées pour l’être… L’Eglise ne comprend pas naturellement qu’on puisse avoir des relations sexuelles dans l’amour (hormis pour la procréation), on a parfois le sentiment que pour elle, il s’agit toujours de fornication (quand le but de créer une nouvelle forme de vie n’est pas premier). Dès lors pour toucher les saintes espèces, il faut absolument être irréprochable sur tous les plans, a fortiori ceux qui touchent à la chair (sous toutes ses formes). L’Eglise mère devient belle-mère par l’intercession de ses représentants les plus zélés, qui veulent des curés le doigt sur la couture de la soutane.

Alors, oui, les prêtres latins sont appelés actuellement à vivre dans le célibat (et non dans la chasteté, ce qui change quand même pas mal de choses). Inutile de revenir ici sur le sujet : cela fait un millénaire que le célibat des prêtres est promulgué, célibat – en totale contradiction avec la Déclaration universelle des Droits de l’Homme – qui n’était pas respecté auparavant (et pour cause : des prêtres étaient mariés dans l’Eglise latine), qui ne le fut que difficilement après et qui l’est toujours aujourd’hui. La réponse officielle est toujours la même : pas d’inquiétude, il ne s’agit pas d’un dogme mais d’une règle disciplinaire, cela peut se changer facilement. Cela fait des décennies que cette réponse est formulée mais que les choses demeurent en l’état. Si c’est si simple, qu’attend-t-on ? La Saint-Glinglin ? Depuis, on a forgé un nouvel argument : accepter des prêtres mariés, ce serait cléricaliser les laïcs…
De fait, il s’agit de déconnecter le presbytérat de l’eucharistie ; le prêtre viennois Paul Zulehner, théologien, estime que « c’est une erreur de subordonner l’eucharistie au célibat du prêtre », idée reprise par le cardinal-archevêque de Munich et Freising, Mgr Marx, par ailleurs membre du C 9(2). Ce sujet serait sur le bureau du pape jésuite, lequel termina ses œuvres de miséricorde l’an dernier lors de l’Année sainte extraordinaire par une visite aux prêtres romains ayant quitté le ministère pour fonder un foyer. Comme le disait Mgr Riobé, évêque d’Orléans (1963-1978), aux prêtres « défroqués » (comme on le disait jadis de manière péjorative), « il faut tenir ! Il faudra bien qu’un jour l’Église reconnaisse la richesse de vos vies et que vous sortiez du silence ». Le moment de sortir du silence est venu, ce que rappelle dans la préface Mgr Gaillot, évêque de Partenia, lequel note in fine que « si l’Église le veut et si elle le peut, ‘‘la vérité la rendra libre’’ [Jn 8, 32]. » Il s’agit en effet de liberté, laquelle fait fi de toute règle disciplinaire, à plus forte raison quand celle-ci est injuste et inhumaine. Il manquera toujours quelque chose à l’Eglise en matière d’humanité tant qu’elle délaissera ce dossier, ouvert depuis tant de décennies et pourtant toujours pas résolu, des prêtres mariés et de leurs conjoints. Des témoignages d’une grande humanité dont elle se prive. Pour aller plus loin : http://golias-editions.fr/article5497.html

1. Jean Landry, Julien Potel, Henri Pousset, Femmes et prêtres mariés dans la société d’aujourd’hui, Paris, éd. Karthala, 1997.
2. http://www.periodistadigital.com/religion/mundo/2017/11/14/religion-iglesia-alemania-cardenal-reinhard-marx-papa-francisco-se-plantea-abolicion-celibato-clerical.shtml

19€ en souscription. Port gratuit si commande par 2 /
A commander aux Editions Golias, BP 3045, 69605 Villeurbanne Cedex

Des Compagnes de Prêtres Témoignent : Livre à paraître début décembre.

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L’association Plein Jour va faire paraître en décembre un livre intitulé
«  Des compagnes de prêtres témoignent » ». 
Il s’agit d’un recueil de témoignages et d’articles concernant le célibat imposé aux prêtres et donc aux compagnes ! Quelle urgence pousse ces femmes ignorées des statistiques, à vouloir témoigner ?

Première étrangeté : elles  aiment un prêtre. Repéré dans la paroisse, ou même rencontré par hasard.

Au fil des jours, la relation s’est établie. Ils se sont appréciés puis, c’est « l’élan irrésistible de l’amour »

« Un torrent de bonheur et aussi l’effroi d’avoir franchi un interdit ». L’euphorie est de courte durée.

« Condamnée aux rencontres furtives, je suis la compagne clandestine et solitaire ».

Pourquoi désirent-elles écrire ? Pour mettre des mots justes sur un immense chagrin. Pour se délivrer de la culpabilité. Le caractère sacré, attribué de façon  abusive au prêtre, l’investit d’un statut de demi-dieu, intermédiaire entre dieu et les hommes. Cela lui fausse le jugement. Cependant, sa parole fait autorité. Il prononce des mots décisifs. « Dieu nous appelle à un amour plus absolu et nous acceptons de ne pas vivre ensemble ».

C’est le drame intérieur. Dans un duel implacable, deux forces s’affrontent. D’un côté, l’élan vital de l’amour. De l’autre, une loi humaine promulguée au Moyen Age, le célibat obligatoire. Opposée aux droits humains, elle est totalement injuste. Fort heureusement les mentalités ont évolué. La jeune femme moderne qui lit tous les jours dans ses magazines des invitations à développer ses capacités de « développement personnel » n’accepte pas de se soumettre. Elle veut être libre d’aimer et de rendre l’autre heureux.

«  La force de notre amour traverse les épreuves, mais il y a comme une fracture, une déchirure en nous à cause de ce que nous avons eu à subir de la part des évêques et supérieurs religieux lorsque nous avons déclaré cet amour; ils se  sont alors montrés inhumains et maltraitants. Je n’ai pas encore digéré une telle violence de la part de ceux qui sont censés être les témoins de la miséricorde ! »
Mais libérer la parole des compagnes et aussi de leurs compagnons, ne suffira pas ; Il faut aussi ouvrir les yeux des chrétiens, de tous les chrétiens.
Et ce n’est encore qu’une étape. Repenser les ministères/services/fonctions et même en premier repenser les Communautés sont autant de taches ardues pour cette Église en perte de vitesse dans tout le monde occidental. Aura-t-elle encore assez d’énergie pour échapper aux conservatismes camouflés derrière l’argument de la Tradition ?
Mais cela, c’est autre problème !

Dans ce combat contre la règle du célibat obligatoire et au-delà, nous ne sommes pas seuls.
Nombre d’’Associations existent à travers le monde qui entendent aussi lutter contre cette règle obsolète.
————————————

On peut souscrire dès maintenant auprès des Editions Golias,
BP 3045 69605 Villeurbanne CX.
Règlement à l’ordre de Golias, en indiquant bien nom, prénom, adresse, mail éventuellement.
 Hors France virement à l’ordre de Golias Code IBAN FR76 3005 6001 7701

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Le cout : 19€.
Puis-je vous conseiller d’en commander au moins 2 exemplaires :
les frais de port sont alors gratuits !!!

 

Prêtre et Papa, faut-il quitter le ministère ?

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Samuel Lieven , 28/08/2017

Un document publié par la Conférence des évêques d’Irlande rappelle un certain nombre de principes pour les prêtres devenus pères pendant leur prêtrise, en particulier la nécessité d’assumer leurs responsabilités envers l’enfant et la mère.

D’autres responsables de l’Église, en particulier le pape Francis, quand il était encore archevêque de Buenos Aires, vont plus loin et pensent que ces prêtres devraient quitter leur ministère.

D’autres responsables de l’Église, en particulier le pape Francis, quand il était encore archevêque de Buenos Aires, vont plus loin et pensent que ces prêtres devraient quitter leur ministère.

Être un prêtre et père d’un enfant ou des enfants reste un sujet tabou dans l’Eglise catholique, où les prêtres ont promis le célibat depuis le Moyen Age – contrairement à leurs homologues de l’Est qui peuvent se marier et avoir des enfants.

Un psychologue irlandais de 34 ans, Vincent Doyle, a déplacé les cieux et la terre depuis qu’il a découvert en 2011 le secret que sa mère avait gardé pendant des années, agitant les rôles de la maison familiale. Un long silence et une larme suffisaient à confirmer son intuition: le père biologique de Vincent Doyle n’est pas celui avec qui il a grandi, mais le père John Doyle , un religieux Spiritan qui était revenu aux États-Unis après des années de mission en Afrique. L’adolescent avait toujours été très proche du prêtre missionnaire qui est mort en 1995, car il raconte un récit touchant et très détaillé du  Boston Globe , publié à la mi-août.

C'est un prêtre et un père d'un ou plusieurs enfants demeure un sujet tabou dans l'Église catholique, où les prêtres font vœu de célibat depuis le Moyen Âge.

Photo: FedericoC / ChiccoDodiFC / stock.adobe.com

« Obligation morale de quitter le ministère »

Après avoir connu le nom de son père biologique, Vincent découvre, en ouvrant un compte sur le réseau social Facebook, que son cas n’est pas aussi rare qu’il le pensait. Surtout, il peut évaluer l’ampleur des souffrances – encore plus graves que la sienne – causées par une telle situation parmi de nombreux enfants cachés: griefs existentiels, souffrances matérielles … Vincent Doyle a ensuite fondé l’association « faire face à l’international » prêtres « , soutenu par la Conférence épiscopale irlandaise.

 

Les prêtres avant le célibat

En l’absence de dispositions claires en droit canonique de l’Eglise catholique, la position adoptée par l’ Assemblée des évêques irlandais ,  dans un document approuvé lors de sa réunion de printemps  en   mai dernier et libéré quelques jours après l’enquête du Boston Globe , intitulé  Principes « Responsabilité pour les prêtres qui portaient les enfants au cours de son ministère » a le mérite d’être à la fois la météo ferme et claire.

En particulier, il peut maintenant servir de base à de nouveaux développements dans l’Église. Dans ce document, les évêques nous rappellent non seulement que «les besoins des enfants sont une priorité», mais aussi «un prêtre, comme n’importe quel père, doit assumer ses responsabilités – personnel, moral, juridique et économique».

Le cardinal Sean O’Malley , archevêque de Boston, va encore plus loin. Répondant à l’enquête Boston Globe, rendue possible par les contacts et les témoignages fournis par l’ International Coping Association, déclare:

« Si un prêtre devient le père d’un enfant, il a l’obligation morale de quitter le ministère et d’assurer les soins et les besoins de la mère et de l’enfant ».

Lorsque le futur pape prend position sur le sujet

Bien que le Vatican reste muet sur la question, en dépit de plusieurs tentatives de Vincent Doyle pour rencontrer le Francis Pope, l’ancien archevêque de Buenos Aires avait déjà été placé sur le sujet dans un livre- long entretien avec le rabbin Abraham Skorka, ‘ Sur le ciel et la terre » .

 » Si un prêtre vient me parler et me dit qu’il a imprégné une femme, je lui fais comprendre peu à peu que la loi naturelle prévaut sur ses droits en tant que prêtre » , écrit-il. Par conséquent, il doit quitter le ministère et prendre le fils, même s’il décide de ne pas épouser la femme. Parce que si un enfant a le droit d’avoir une mère, elle a également le droit d’avoir un père avec un visage. Je promets de régulariser tous vos documents à Rome, mais il doit tout laisser. Maintenant, si un prêtre me dit qu’il se laissait entraîner par la passion, il commettait une erreur, je l’aiderait à corriger lui-même. (C’est-à-dire) faire pénitence, respecter le célibat. Car la double vie ne va pas bien .  »

L’enquête Boston Globe précise que Vincent Doyle ne veut pas interroger le célibat des parents en tant que tel. Et cela, bien que de nombreux fils de prêtres qui ont pris contact avec lui considèrent que c’est une exigence inhumaine, la cause de toutes leurs souffrances.

Mais Vincent Doyle ne fait pas de son combat principal.  » Si le pape annonçait l’abolition du célibat, je dirais » génial  » , a- t-il déclaré au journal américain.  »  Mais cela ne résoudrait pas les problèmes des enfants des prêtres aujourd’hui et à court terme « .

Résultats de l'image pour Samuel Lieven

 

Samuel Lieven

http://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Monde/Pretres-peres-quitter-sacerdoce-2017-08-28-1200872553

Liens avec d’autres organismes partenaires

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CHRÉTIENS D’AUJOURD’HUI
Pour des Communautés d’Église obsédées par le service de l’Humanisation de leur société !

Consultez le Sommaire de Chrétiens d’aujourd’hui et choisissez selon votre appétit !  

Si vous souhaitez m’écrire : canonge.paul@wanadoo.fr
Nous sommes le 03/05/2017, il est 16h53

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Voici des Sites que vous consulterez certainement avec intérêt !
Les liens Internet sont actifs

Dernier Site référencé : Info-christianisme sur Relais Montroyal au Canada
Site de référence des activités culturelles, cultuelles, caritatives et sociales de Montréal

 Plein Jour
Plein Jour est une Association qui aide les compagnes clandestines de prêtres ou de religieux
et qui entend lutter contre cette règle inadaptée et dangereuse du célibat
qui dévalorise et le mariage
et le rôle des femmes dans la société et dans l’église.

Plein Jour  c/o Dominique VENTURINI, 8 rue du Serpolet, 84160 LOURMARIN
venturinid@wanadoo.fr Tél.  : 01 40 90 71 39

Site : http://plein-jour.eu/

Un silence organisé

Depuis 1139 (2ème Concile du Latran), l’Église catholique romaine impose à ses prêtres le célibat, qui n’a aucun fondement théologique. Nombre d’entre eux ont toujours transgressé cette règle de discipline.
Voir les réflexions d’un historien chrétien sur le célibat des prêtres,
Pierre Pierrard
(Site Plein Jour / Sommaire).
Alors que les religieux choisissent librement en faisant le vœu personnel
qui les introduit dans un état de vie, les prêtres n’ont pas le choix.
Il s’agit d’une question de discipline qui n’a rien à voir avec Jésus.

La plupart des ecclésiastiques concernés, à la fois victimes et complices, se taisent.
S’ils acceptaient de témoigner en public de leur situation, ils seraient en effet mis en demeure par leur hiérarchie de choisir entre leur compagne et leur fonction.
Le décalage est de plus en plus grand entre ce que l’on veut faire croire aux chrétiens
sur la façon dont vivent beaucoup de leurs prêtres
et la réalité, occultée par les autorités supérieures de l’Église.

Voir aussi le Site de l’Association suisse ZOEFRA qui travaille dans les mêmes perspectives, ainsi que les résultats de l’enquête très réaliste réalisée par elle en Suisse et sa présentation par un journal suisse.

EDS Enfants du Silence, Enfants de Prêtres
Eds s’adresse d’abord aux enfants de couple dont le mari ou le compagnon est ou a été prêtre en fonction /ou de couples dont la femme a été religieuse.
Pour quoi faire ? pour accompagner ces Enfants, quelques fois devenus adultes, qui portent le poids de la souffrance qu’ont ressenti leurs parents du fait des tracasseries et des exclusions venant de la hiérarchie catholique voire des curés ou des chrétiens eux-mêmes trop obéissants aux ordres ou aux consignes, en dépit de l’amour universel base de l’évangile.

Les 2 associations DLE et FHE ont fusionné depuis. En attente de mise à jour

DLE

Droits et Libertés dans les Eglises
68, rue de Babylone 75007 PARIS
Fax 01 45 51 40 31
mail : temps.présent.1@wanadoo.fr

DLE est une association réunissant des chrétiennes et des chrétiens qui veulent promouvoir une Église libératrice dans son fonctionnement comme dans son action.
Membre des Réseaux du Parvis et du Réseau européen « Église de liberté », en lien avec l’Association « for the rigths of catholics in the church » et avec le Mouvement international « Nous sommes Église » (IMWAC).
Son activité se développe dans un collectif.
DLE a publié un Livre blanc intitulé « Pour un statut associatif de l’Église catholique en France », suite au colloque de Paris (7-8 octobre 2000) sur le thème :
« Pour nos Églises demain – les enjeux d’un statut d’Association ».
DLE veut promouvoir une constitution synodale, collégiale et décentralisée d’une l’Église « communion de communautés », selon le Concile de Vatican II.
Femmes et Hommes en Eglise FHE
Pour des relations nouvelles, dans les Églises comme en société, l’association FHE  travaille au sein d’un réseau œcuménique, national et international.
Femmes & Hommes en Église est un des membres fondateurs de la Fédération des Réseaux du Parvis
créée en 1999 ; en 2005, Parvis regroupe une quarantaine d’associations, communautés et mouvements engagés pour des réformes profondes dans l’Église.
FHE a fondé l’unité Genre en Christianisme en 2002 ; l’association contribue ainsi à l’étude de la construction religieuse du genre – « gender » et à sa transformation.
Genre en christianisme propose :un fonds bibliographique sur des thématiques religieuses, féministes et sociétales, et des cycles universitaires de conférences-débats.
Les deux assocations FHE et DLE ont fusionné. Voir le Site : fhedles.fr

 

FEDERATION des RESEAUX des PARVIS
http://reseaux.parvis.free.fr
La Fédération regroupe plus de 60 groupes directs ou déjà fédérés.
Elle vient accueillir récemment (juin 2006)  trois nouveaux membres : les Humanistes croyants 35 (Ille-et-Vilaine), l’Association Corps Art Spiritualité “ Kairos ” (fondée par une pasteur protestante) et l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Avec déjà la présence en son sein de l’Association protestante libérale Théolib, les Parvis confirment leur ouverture à l’ensemble des chrétiens libéraux et s’imposent comme un pôle important.
La Fédération édite la Revue trimestrielle Parvis. On peut trouver sur son site la présentation des différents Nos déjà parus.

ATTAC
« L’Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens »
a été fondée le 3 juin 1998 pour réclamer l’application de la « Taxe Tobin » aux mouvements de fonds spéculatifs. Elle réunit notamment une centaine de députés au sein d’un inter-groupe à l’Assemblée nationale. ATTAC a participé aux manifestations de Gênes (Italie) et prépare une journée de manifestation et de meetings le 19 janvier 2002 à Paris.
On peut déjà lire ici un premier texte sur la Mondialisation et voir une présentation du courrier électronique auquel chacun peut s’abonner gratuitement grâce à notre lien actif sur la page ATTAC.
http://attac.org/


CULTURE et FOI (Quebec / Excellents textes)
http://www.culture-et-foi.f2s.com/texteliberateur/index.htm

Partenia
Site : http://www.partenia.org/index1.htm

Partenia 2000 fait partie du diocèse de Partenia.
Mais ce n’est jamais qu’une des nombreuses associations qui se sentent à l’aise dans le sillage de Jacques Gaillot. 

Partenia 2000 a un blog
! www.partenia2000.over-blog.com

IMWAC
Cette association internationale regroupe la plupart des Mouvements qui militent pour une profonde réforme de l’Eglise.
e-mail : imwac@aol.com
Site web : http://www.we-are-church.org

Site Womenpriests
http://www.womenpriests.org/fr/ 
Dr. John Wijngaards , webmaster
Housetop / 111a High Street  / Rickmansworth / HERTS HP6 6RN / UK
tel. 0044-1923-779446
Email: johnwijngaards@ntlworld.com

MEDIASOL
Site d’information au quotidien sur l’économie sociale et solidaire
http://www.mediasol.org/xrecherche.php3
Pour correspondre : info@mediasol.org

Parvis 21 (Site Belge)
Forum. « Comment voyez-vous l’Eglise catholique au 21e siècle ? » Nombreux sujets de débat, bien classés

 

S.o.i.f.
ite de la Session Œcuménique Interrégionale de Formation. Nouvelles, actualités, thématiques.

Iglesia

Antenne de l’International Movement We-Are-Church pour l’Espagne (site en espagnol).

Call to action

USA. Mouvement réformateur, inspiré de « Gaudium et Spes », fondé en 1976 après un appel des évêques.

Très actif, plutôt radical (site en anglais).

Chrétiens et Sida

Le café du courant d’air
Aumônerie de l’enseignement public
Jeunes mission de France
Le MRJC
La JEC
La JIC
La JOC
Scouts de France
Guides de France
Mission catholique étudiante
Communauté de Taizé
Éclaireurs unionistes
Jeunes Église réformée

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Nous, les Enfants de prêtres, si souvent cachés !

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Nous, les Enfants de prêtres

Alors que l’institution catholique préfère ne pas savoir, ils sont nombreux à se plier à la loi du silence. Pour L’Express, pourtant, quelques-uns ont accepté de témoigner.

L’air appliqué, un petit garçon métis fait ses devoirs sur la table de la salle à manger. De l’autre côté du couloir, Sophie, la mère, est là, dans la cuisine qu’elle a repeinte en jaune canari, comme un défi à la grisaille des Vosges. Elle raconte les premiers rendez-vous dans un café, les escapades en amoureux. « Très vite, il m’a demandé: Qu’est-ce qui te ferait plaisir? Je lui ai répondu: un bébé. Il a dit: d’accord! »

Un frôlement derrière la porte. C’est lui, Matthieu, son fils de 10 ans. Il file comme un artiste en coulisses qui n’oserait pas entrer sur scène. Pas besoin de lui dire ce que sa mère raconte. Il connaît l’histoire depuis toujours. Son papa est un prêtre. Un homme de Dieu, qui a préféré ses paroissiens à ce gosse à fossettes et à sa mère antillaise qui rit fort. « Pendant la grossesse et l’accouchement, il était toujours là près de moi, raconte-t-elle. J’étais comblée. Mais après la naissance, il a disparu plusieurs jours. Et, depuis, il n’est jamais revenu vivre avec nous. Il dit qu’il a des engagements à tenir. Et son fils, alors? Moi, je fais tout toute seule, j’en ai marre. »

Les tourments de l’Irlande

L’Eglise irlandaise n’en finit plus de payer ses lourds secrets. Depuis une quinzaine d’années, des révélations fracassantes ébranlent la confiance de la population (3,8 millions d’habitants) envers l’institution religieuse: dignitaires du clergé vivant maritalement, scandales sexuels et, surtout, multiples affaires de pédophilie impliquant des prêtres et des moines. En 1992, la presse révèle qu’Eamonn Casey, le très populaire évêque de Galway, a un fils de 17 ans, né d’une liaison avec une Américaine. Pour entretenir sa progéniture, le prélat a même pioché dans le denier du culte.
L’émoi est considérable, Casey démissionne et quitte le pays, ses paroissiens refusent de lui jeter la pierre. L’opinion sera moins compréhensive, l’année suivante, en apprenant que le père Michael Cleary, porte-parole très rigoriste de l’Eglise, avait, lui, … deux fils cachés. «Dans les années 1990, le fossé s’est creusé entre une Eglise aux positions très conservatrices et une société plus urbaine, en plein boom économique et en quête d’émancipation, explique Jean Guiffan, historien spécialiste de l’Irlande. La révélation de toutes ces affaires a accéléré le processus de défiance.»
Dans un pays catholique à 90%, où l’avortement est toujours interdit, où le divorce et le libre recours à la contraception ne datent que de 1995, la succession de cas d’abus sexuels sur des enfants commis par des religieux va tourner à l’affaire d’Etat. Le gouvernement Reynolds sera contraint à la démission en 1994, pour avoir volontairement retardé l’extradition de Brendan Smyth, un prêtre pédophile, vers l’Irlande du Nord, sous domination britannique. Depuis, des milliers d’Irlandais ont porté plainte, affirmant avoir subi dans leur jeunesse des mauvais traitements et des violences sexuelles dans les orphelinats, pensionnats et écoles tenus par les congrégations religieuses. Une commission d’enquête sur le sujet, créée en 2001, est en train d’exhumer des affaires remontant jusqu’aux années 1940. Plus d’une centaine de membres du clergé ont déjà été condamnés pour abus sexuels sur des mineurs.
Un fonds d’indemnisation de près de 500 millions d’euros, abondé par l’Etat et les ordres religieux, a été débloqué pour les victimes. Malgré un Mea culpa officiel en 2003, l’Eglise catholique d’Irlande, toujours omniprésente dans le système éducatif et les hôpitaux, voit ses fidèles se tourner vers d’autres chapelles. Parmi leurs priorités dans la vie, les Irlandais classent désormais les soirées télé et les sorties au pub avant la fréquentation de la messe dominicale.
par Boris Thiolay  Auteur

Quand Matthieu avait 1 an, l’évêque a convoqué le prêtre, Sophie et leur bébé. «Es-tu le père de cet enfant? » a demandé le prélat au curé. « Non, a-t-il répondu !» Il aura fallu que la mère célibataire porte l’affaire devant le tribunal des affaires familiales pour que le père reconnaisse l’enfant, en 2002. Depuis, le diocèse a envoyé ce prêtre quadragénaire officier à 100 kilomètres de chez eux. Mais sans lui demander de remettre sa charge. La porte s’ouvre. Matthieu tourne et retourne autour de la table de la cuisine en tapant dans un ballon. « Mon père ne tient jamais ses promesses, il n’est jamais là quand on a besoin de lui, lâche le garçon dans un souffle. Moi, ce que j’attends, c’est pas des cadeaux, c’est son amour, ça vaut de l’or, son amour. » Regard muet de la mère. « Et je voudrais dire autre chose, reprend le petit: il a gâché mon enfance, mais il ne gâchera pas ma vie. »

Matthieu et sa mère vivent à deux pas de l’église de leur village. Sophie, peintre amateur, se charge des factures et du loyer. Dans un coin de la pièce, l’ordinateur attend que le père l’emporte chez le réparateur. Quand le prêtre passe, c’est toujours en coup de vent, les bras chargés de victuailles et de vêtements pour son fils. De temps en temps, il va le chercher à l’école. Ensemble, ils parlent de foot ou de son carnet de notes. Ça tombe bien: Matthieu est un crack. « Mon père, il vient toujours après la bataille, s’énerve le gosse en montrant fièrement son cahier sans ratures. Je travaille comme un fou pour devenir ingénieur plus tard; parfois je me couche à 22 heures à cause de ça, et lui, il vient juste pour signer le bulletin ! Ce père-là, c’est comme un médicament contre le rhume: ça soigne un peu, mais avec des effets secondaires. » A force d’entendre sa mère tempêter contre ce paternel toujours absent, Matthieu s’est fabriqué un langage d’amour, où les mots de sa mère se mêlent à ses expressions d’enfant. « Pour moi, dit-il, ce qu’a fait mon père, c’est comme une chose de la vie qu’il faut assumer. »

Combien sont-ils, ces fruits de la «chaire» qui ont grandi dans le silence, le mensonge ou la honte? Impossible à dire. L’association Plein Jour, créée en 1996 par des «amies» de prêtres, a été contactée par plus de 300 femmes. Beaucoup sont tombées amoureuses très jeunes. Les plus âgées ont noué leur destin chez leurs parents, ou à la messe. Les autres, aux Journées mondiales de la jeunesse, parfois sur Minitel. Un rendez-vous par-ci par-là, quelques week-ends, des vacances pour les plus vernies. Bien peu d’enfants nés de ces amours clandestines acceptent de témoigner. Même pour dénoncer l’hypocrisie d’une Eglise catholique qui pratique le double langage, interdisant tout en fermant les yeux sur ses curés « volages ».

Pour Marc Bradfer, c’était parler ou sombrer. A 15 ans, ce fils d’une famille de huit enfants apprend que son père, décédé quelques années plus tôt, appartient à la caste ignominieuse des prêtres défroqués. Vingt ans plus tard, cet homme, qui ne se sent pas la force de fonder un foyer, livre son secret dans un récit autobiographique, « Fils de prêtre » (Editions Elytis). Il s’attarde sur la culpabilité brûlante qui a broyé sa famille d’une génération à l’autre, comme une malédiction. « Notre mère répétait souvent: Ma faute, ma très grande faute.? Au cours d’une dispute, elle a balancé la vérité à l’une de mes soeurs, qui avait 14 ans, pour atteindre mon père. Ma soeur lui a répondu: T’en as bien voulu, du curé. »»

C’est vrai qu’elle en a bien voulu, Jacqueline, de ce curé du Nord qui lui avait proposé de s’enfuir avec lui à Toulouse. La jeune chanteuse de la chorale de l’église de Fourmies avait suivi son amant. Le couple s’est marié en 1944. Mais la belle histoire a tourné au duel à la Bernanos, tous deux se reprochant mutuellement d’avoir séduit l’autre. Dans la maison, l’atmosphère est devenue insoutenable. Marc, le septième enfant, a fait des « petites » tentatives de suicide. L’un de ses frères est allé jusqu’au bout. Il s’est tué à 20 ans.

Chez Luc, c’est d’abord le regard, noir comme la réglisse, qui accroche. Puis le visage taillé à la serpe, dont les lignes se brouillent quand il évoque un épisode du passé qui fait mal. Il a 5 ans lorsque sa mère lui révèle que son père porte l’habit. Elle lui parle de cet amour fou qui l’a liée à ce brillant intellectuel dominicain, de vingt ans son aîné. Les mensonges, les hypocrisies de l’institution, Catherine les garde pour elle. Elle n’évoque pas non plus les trois frères de la congrégation venus rendre visite à ses parents peu après son accouchement pour leur demander de garder le silence, « en bons chrétiens». Elle « lègue » le secret familial à son fils, avec le mode d’emploi: « Pour les catholiques, un prêtre ne peut pas avoir d’enfants, alors à eux, il ne faut pas le dire, tu sais. Les autres peuvent savoir. » Pas la peine d’en rajouter: Luc a tout compris. Lorsqu’une tête inconnue se présente à la maison, il se tourne vers sa mère en chuchotant: « Et à celui-là, on peut le dire? »

L’enfant a si bien compris qu’il grandit sans poser de questions. Quand à l’enterrement de sa grand-mère paternelle – qu’il a vue de temps en temps – la famille le présente aux amis éloignés comme «un neveu», il encaisse. Il encaisse encore lorsqu’un jour, au cours d’une randonnée en groupe, son père fait mine de ne pas entendre lorsqu’il lui lance: « Papa, attends-moi! » Chaque fois qu’un pépin lui tombe dessus, le gamin ne peut s’empêcher de se dire qu’il « paie » pour le péché dont il est l’incarnation. Mais il se tait. Il aime son père.
A l’école, en revanche, il lâche tout. Le prêtre l’interprète comme un appel au secours et le fait venir près de lui. Luc reste un an dans la communauté qu’il a fondée dans un quartier déshérité du nord de la France. Il dîne en compagnie des frères et s’endort sur l’Evangile de Matthieu, que son père lui lit tous les soirs. Dehors, l’enfant croise des clochards, des femmes battues, des alcooliques. Une vraie cour des malheurs dans laquelle son père, fils de la haute bourgeoisie, se démène corps et âme. « Je me suis dit que mes soucis ne devaient pas peser beaucoup à côté de tout ça », soupire Luc. Pourtant, entre ce père isolé dans son monde et ce fils en mal d’autorité, quelque chose s’échange. Une ferveur, qui permettra à Luc de pardonner. Beaucoup plus tard. « Je ne lui en ai jamais voulu d’être un homme de conviction, dit-il aujourd’hui. Il y a toujours eu beaucoup d’amour entre nous. Mais nous sommes comme deux étrangers. »  A 38 ans, divorcé, endetté, Luc se reproche d’avoir manqué de « rigueur » dans sa vie. Croit-il toujours en Dieu? « Je suis agnostique. Adorer quelqu’un qu’on n’a jamais vu, moi, ce n’est pas mon truc. »

Il fait beau sur Caen. La table est dressée dans le restaurant préféré d’Olivier, au pied du château de Guillaume le Conquérant. « Olive », la trentaine, une dégaine un peu baba cool, n’aime pas parler de lui. Longtemps, cet animateur dans des centres de jeunesse a préféré mettre son chagrin dans les mots des autres. Ceux de Patrick Bruel ou de Jean-Jacques Goldman, ses idoles.
Un jour d’hiver 2003, pourtant, « Olive » a «tout fait péter ». Trop de questions. Trop de silences qui pèsent sur l’estomac. Il s’est rendu dans le village de Sarceaux. Il a sonné au presbytère, mais personne n’a ouvert. De sa besace, il a sorti une liasse de feuilles dactylographiées, qu’il a glissées dans les boîtes aux lettres des habitants. Il a aussi placardé la missive sur l’Abribus et la vitrine du coiffeur, en ramassant un peu de neige sur le trottoir pour coller le tout. « Ceci n’est pas une publicité, juste un message d’un homme en colère », disait la curieuse épître aux paroissiens. Le message ? Olivier révélait que le curé du lieu était son père ainsi que celui de ses deux soeurs. En post-scriptum, il avait inséré la photo de trois charmants bambins se tenant par la main. Trois orphelins. « Je n’ai pas agi par vengeance, je voulais juste que ça se sache avant que mon père ne meure. »

Il a réussi son coup. Ardisson, Delarue, toutes les stars de la télé ont réclamé sur leur plateau ce fils de cureton aux manières de corbeau. Mais « Olive » a décliné les invitations. Aujourd’hui, il veut bien se confier. « Ma mère me répétait: Je ne peux pas te parler de ton père. Elle m’avait juste lâché son prénom, une fois, en voiture, se souvient-il. Mais moi, je me demandais sans cesse qui était cet homme. Il ne pouvait pas être mort, puisqu’on n’allait jamais à la Toussaint sur sa tombe. Il était peut-être en prison, mais on n’allait jamais le voir. » A l’école, le garçon trace un trait sous la rubrique « profession du père ». «Il y avait toujours un prof pour me demander pourquoi je n’avais rien mis. » Le lundi, ses copains racontent les parties de foot avec papa. Lui n’a rien à dire.

Un jour, Olivier fouille dans les papiers de son grand-oncle, un prêtre décédé, à la recherche de documents sur la Seconde Guerre mondiale. Soudain, il tombe sur une lettre. L’homme d’Eglise savait, depuis la naissance de la soeur d’Olivier, qui était leur père à tous les deux. Dans sa lettre, l’aïeul révèle à l’évêque de l’époque que son petit-neveu et sa petite-nièce sont les enfants de l’un des curés du diocèse. « Je suis resté à genoux dans la cave de ma grand-mère », raconte Olivier. Il a alors 20 ans. « Je sais qui vous êtes », écrit-il à son géniteur. Celui-ci lui donne rendez-vous par lettre dactylographiée, non signée, près de l’église de Caen. Les retrouvailles tournent court. « Il m’a affirmé que personne ne savait, alors que j’avais la preuve que l’évêché était au courant. » Va-t-on encore lui mentir longtemps? Olivier se cabre. Les années filent. « Je n’arrivais pas à comprendre comment mon père pouvait supporter cette double vie. Pour moi, un prêtre, c’est quelqu’un qui est censé dire aux gens ce qui est bien ou mal. »

Après l’épisode des boîtes aux lettres de Sarceaux, le religieux octogénaire a pris sa retraite et reconnu sa progéniture. En « papy » tombé du ciel, il assiste aux réunions de famille et offre des cadeaux à ses petits-enfants. « Je ne lui en veux pas, j’ai gagné un père, dit Olivier, mais pour moi, il aura toujours fait le mauvais choix en nous préférant ses fidèles. » Le choix d’une vie en clair-obscur, où la fidélité à une institution qui préfère le silence au scandale fabrique aussi beaucoup de malheur.

L’Express 2005

Les Prêtres mariés du Pas-de-Calais

Publié le Mis à jour le

Les journalistes ne sont pas obligatoirement du Sérail ! ils ne maîtrisent pas toutes les subtilités du langage ecclésiastique. Ainsi les prêtres qui se sont mariés n’ont pas obligatoirement « quitté » l’église. Ils ont seulement quitté une fonction dans cette église !

 

Extrait de Journal « La Voix du Nord »
Ces prêtres qui ont « quitté » l’Église pour fonder une famille

Ils ont ôté la soutane dans les années 70, imaginant que la règle du célibat allait évoluer. Las, quarante ans plus tard les « prêtres mariés du Pas-de-Calais » restent au ban de l’Église, malgré une foi et un engagement intacts. Ils jugent avec sévérité le sort fait cet été à l’abbé Onomo d’Hermies.

Par Fabien Bidaud | Publié le 14/09/2016

 

Victor Bras, Claude Ramet et Jean-Marie Charlet. PHOTO PASCAL BONNIERE

C’est un détail mais il est assez révélateur. Ces trois-là se marrent, arborent des mines joviales, voire malicieuses. Prenez Victor Bras, 92 printemps, l’âme toujours un peu rebelle. «  L’Église a toujours eu du mal avec la modernité !  » glisse-t-il en préambule, sourire aux lèvres. Lui et ses coreligionnaires Claude Ramet et Jean-Marie Charlet en savent quelque chose. Ils ont quitté la prêtrise il y a bien longtemps pour fonder une famille (lire ci-dessous), jugeant l’obligation de célibat complètement dépassée.

Près d’un demi-siècle plus tard, la position de l’Église, monolithe imperméable aux bouleversements extérieurs, s’est à peine infléchie. «  Le pape François est très bien ! estime Victor Bras. Certaines choses évoluent, mais il y a une telle résistance des intégristes que ça avance peu.  » Une lame de fond réactionnaire serait même à l’œuvre, assure Jean-Marie Charlet, bien connu à la prison de Bapaume où il célèbre des offices chaque semaine (sans faire d’eucharistie). «  Aujourd’hui, ceux qui sortent du séminaire sont rétrogrades ! Vous n’avez qu’à remarquer le retour des cols romains. Ils sont dans la liturgie, alors que pour l’essentiel, l’Évangile nous a envoyés vers les autres.  »

Le sort réservé cet été à l’abbé Alexis Onomo, les a exaspérés (1).
Le groupe des « prêtres mariés du Pas-de-Calais » a adressé un courrier à l’évêque d’Arras Jean-Paul Jaeger dans lequel ils réaffirment «  l’urgence de modifier le mode d’accès au sacerdoce par l’ordination de personnes mariées  ».

« On sait bien qu’en Afrique, il y a un prêtre sur dix qui respecte la loi du célibat… »

Les ex-abbés ont des mots sévères. «  Je ne supporte pas cette hypocrisie !s’emporte Jean-Marie Charlet. Il y a peu, l’évêque a salué et bénie un prêtre d’Arras lors de son enterrement. Il est de notoriété qu’il a un enfant. Et ensuite, l’évêque donne un coup de crosse au père Onomo ! Alors qu’on sait bien qu’en Afrique, il y a un prêtre sur dix qui respecte la loi du célibat…  »

LIRE Hermies : sanctionné pour avoir eu une liaison, le curé rentre au Cameroun, au grand dam des habitants (VIDÉO)

L’argument de M. Jaeger, qui juge la mission d’un prêtre tellement prenante qu’elle ne peut être conciliée avec une vie de famille ? Claude Ramet le balaie d’un revers de main. «  Avec toutes les responsabilités que j’ai aujourd’hui[président ou vice-président de moult associations dans le domaine social],je suis plus qu’à plein-temps ! Ma vie, je la consacre aux autres. C’est de l’hypocrisie. Ils se contredisent : les diacres sont bien mariés, eux.  »

Pour ces prêtres en rupture, la raison d’être initiale de la chrétienté a été dévoyée. «  Le problème de l’Église, c’est qu’elle veut réussir elle-même, maintenir son pouvoir. L’Évangile, ça doit être une bonne nouvelle pour chacun. Mais encore faut-il que les prêtres aillent à la rencontre des gens.  »

Au début des années 70, la fuite des soutanes

Il y avait eu le concile de Vatican II au début de la décennie. Puis la cocotte-minute nommée Mai-68. Un vent frais balayait l’air. «  Il y avait un certain espoir, une ouverture au monde, se souvient Claude Ramet, prêtre-ouvrier. On s’est dit que la règle du célibat allait sauter.  » Eux sortaient tout juste du séminaire et n’imaginaient pas passer leur vie reclus dans un presbytère. «  On avait tous des copines alors ça n’a pas tardé…  », abonde Victor Bras.

En peu de temps, entre 1970 et 1975, une soixantaine de prêtres du Pas-de-Calais rompent leur vœu de célibat pour aller fonder une famille. « L’évêque de l’époque, qui était pourtant moderne, était très mécontent. Il était débordé.  » Victor Bras devient conseiller à l’agence pour l’emploi ; Jean-Marie Charlet agent d’assurance et Claude Ramet inspecteur du travail.

Ceux, nombreux, qui souhaitent se marier religieusement doivent d’abord se voir « réduit à l’état laïc ». Là, les choses se corsent. «  Cétait la croix et la bannière, des démarches à n’en plus finir, dit Jean-Marie Charlet. À la fin , je leur ai dit : mettez ce que vous voulez, que je suis un détraqué sexuel si ça vous chante !  » Trois « choix » sont proposés au prêtre démissionnaire : il a perdu la foi, on l’a forcé à devenir prêtre, ou il a des problèmes sexuels. Rien qui ne corresponde au cas des trois ex-abbés, qui se marrent en évoquant ces souvenirs.

Un cénacle d’une vingtaine de membres

Le Groupe des prêtres mariés du Pas-de-Calais, baptisé « Jérôme Régnier » en hommage à une figure progressiste de l’évêché d’Arras, s’est constitué en 1995. «  Pendant près de trente ans, chacun avait fait sa vie, on ne s’était pas revus, dit Victor Bras. On se rencontre depuis deux fois par an.  » Ces anciens abbés sont aujourd’hui une vingtaine. Quelques curés en exercice, en accord avec leurs idées, se joignent à eux pour partager des réflexions sur l’actualité de l’Église.

(1) Le prêtre camerounais a avoué entretenir une relation charnelle avec une paroissienne. Son « détachement » dans l’Arrageois n’a pas été renouvelé par l’évêque, malgré un soutien quasi unanime de la population locale.

 

 

Réseau des Parvis : plus de 60 associations en réseau national !

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Nous sommes en lien avec l’Association Plein Jour, Association déclarée, elle-même membre du Réseau des Parvis,
qui regroupe plus de 60  Associations françaises. Voir la liste sur le Site http://www.reseaux-parvis.fr

Parvis, réseau français, est aussi en relation avec d’autres organisations en Europe et dans le monde entier, notamment la Fédération Européenne des prêtres mariés et de leurs épouses (FEPCM) http://pretresmariés.eu,

– avec le mouvement international IMWAC We Are Church – international movement http://www.we-are-church.org

– avec  Le Réseau Européen « Eglise et libertés »(RE) http://www.european-catholic-people.eu,

– avec Partenia http://www.partenia.org/ 

– ou encore Mouvance Partenia http://partenia2000.over-blog.com/...