J’ai perdu la foi (suite 2)

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L’homme, à la recherche de sa foi, sortit du Bureau des objets trouvés, convaincu que ce n’était pas là qu’il allait la retrouver.
Il s’assit sur un banc. Le soleil déclinait à l’horizon.
Cette séance du questionnaire l’avait épuisé mais surtout elle l’avait amené à revenir sur tant de choses, sur tant de questions; il était prêt à réinterpréter son passé..
Au bout de plusieurs jours, lui était venue une idée : dans le fond  avait-il vraiment perdu la foi ? Oui, il devait y avoir plusieurs formes de foi ! quel type de foi avait-il eu l’impression de perdre ? Il y avait la foi qu’on dit « du charbonnier ! », à l’aveugle ! (entre nous, quel mépris pour le charbonnier !!) ; il y avait la foi de l’intégriste accroché à sa branche comme un naufragé, celui qui n’a nullement envie qu’on ébranle son édifice et qui traite tous les autres d’incroyants ou de traîtres ! Il y avait la foi du pratiquant assidu, un peu routinier, comme un rite qu’on répète par habitude, la sortie du dimanche avant d’aller au pâtissier; mais aussi la foi de celui qui s’interroge en permanence, qui cherche à comprendre, qui cherche en quoi sa propre vie est concernée et peut être enrichie…
D’ailleurs qu’est-ce que la foi ?
Il se dit qu’il avait assurément beaucoup perdu sur le plan de la confiance, mais c’était de son ancienne foi un peu aveugle en cette Institution église catholique romaine (ECR) qu’il parlait ! Elle l’avait trompé; elle avait abusé de la confiance qu’il lui faisait.
Jusque-là il avait accepté tous ses dogmes, toutes ces espèces d’affirmation, inventées un peu à chaque siècle, dans des contextes tellement différents, qu’il fallait croire à tout prix et qu’on lui avait présentées comme  intouchables. Par exemple croire que la mère de Jésus devait être honorée comme vierge. Il s’était renseigné et le Moine qu’il avait consulté en avait rajouté une couche : « Le dogme dit qu’il faut considérer Marie comme vierge in, ante et post partum ». Le moine l’avait dit en latin, comme pour appuyer cette étrangeté par un langage hermétique pour lui. Devant son étonnement, le moine avait traduit : « Marie doit être considérée comme étant restée vierge non seulement dans l’enfantement de Jésus, mais aussi avant et après », ce qui voulait dire entre autres qu’elle n’avait pas eu d’autres enfants ni avant, ni après Jésus ?
« Pourtant, dit l’homme, dans les évangiles on parle de Marie et de ses quatre frères; ils se nomment Jacques, joseph, Simon et Jude selon l’évangéliste Marc; et aussi de sœurs mais l’évangéliste ne les nomme pas et il n’en donne pas le nombre. ils étaient venus en famille l’écouter lors d’un de ses passages à Nazareth, le pays où il était né et avait vécu jusqu’à ses 30 ans. Au passage d’ailleurs, étonnamment, le texte parle de sa mère mais il ne lui donne aucun nom ! Ils avaient un projet fou : l’enlever ! L’enlever parce qu’ils le prenaient pour fou et cela devait nuire à la réputation de leur famille. On devait en causer dans le village !
Le Moine, qui avait réponse à tout, lui objecta que dans la traduction, il y avait une erreur. « Ce n’était pas des frères, mais des cousins. »
L’argument ne l’avait pas convaincu. « Un frère, c’est un frère, pas un cousin. » Cette discussion n’avait fait qu’ajouter à sa confusion. C’était déjà pas facile, voire impossible, d’admettre que Marie ait pu mettre au monde un enfant tout en restant vierge !! (Et, dans le fond même, on s’en fichait bien que son hymen soit entier !) Il savait aussi que, pour des hommes devenus par la suite Empereurs romains, on avait inventé a posteriori  une naissance virginale, suite à un accouplement avec un dieu ou une déesse de l’antiquité ! On réinvente souvent la vie des hommes célèbres ! Certains corrigent de leur vivant le récit de leur vie pour l’enjoliver et se faire passer pour des héros ! On se rappelle Mr et  Madame Ceausescu en Roumanie; elle revendiquait des tas de diplômes; mais elle n’en avait pas un seul !
Et puis, pourquoi enlever à Marie toutes ses caractéristiques de femme ? Quelle était donc cette frénésie de vouloir la dénaturer ? A quoi cela pouvait-il bien servir ? A la placer au-dessus de toutes les femmes ?  On en faisait ainsi un modèle inimitable, comme une idole, une demi-dieu; d’ailleurs ne disait-on pas que des chrétiens plutôt conservateurs voulaient en faire un co-rédemptrice avec jésus, à son niveau, presque théologiquement son égale ! En fait l’homme avait le sentiment qu’on s’était simplement inspiré des temps anciens et qu’on en avait fait un peu une déesse, comme une de ces nombreuses déesses qui peuplaient les panthéons grecs ou romains, une Artémis, déesse de la chasteté par exemple, Artémis trônant dans son magnifique temple d’Epidaure en Grèce ! L’homme s’était rappelé son histoire de la civilisation grecque ou romaine où on attribuait aux dieux les qualités et les défauts des humains. Pour quelle raison ? Mais la même que celle qui avait consisté à faire de l’homme Jésus un Dieu !

On lui avait raconté que Marie, cette brave femme, n’avait pas connu la mort; elle était monté au ciel comme ça, un beau jour. On ne sait même pas si c’était à la suite d’une longue maladie ou pendant son sommeil. D’abord notre homme trouvait bizarre cette manière de parler : elle était montée « au ciel » ! Est-ce là au-dessus de nos têtes que se tient ce fameux paradis dont on m’avait parlé au catéchisme ? On disait à une époque ancienne qu’il y avait alors 3 lieux : la terre, le ciel et l’enfer. Et aussi que la terre était le Centre de l’univers; la preuve : le soleil lui-même lui tournait autour en 24h !! Mais depuis les découvertes de la science et l’envoi des fusées et d’homme sur la lune, les conceptions ont bien changé. C’est Copernic, un moine en plus,  et polonais,  qui chamboule tout. C’était en 1540 : Non, dit-il; c’est le soleil qui est au centre de l’univers, la Terre n’est qu’une planète tournant autour de ce point fixe ; c’est l’héliocentrisme. Tous les enfants savent ça aujourd’hui. Mais pendant plus de 30 ans, Copernic a du garder son secret, par peur ! Kepler, puis Galilée s’en emparent; ce dernier était pourtant un ami du Pape et le père d’une religieuse, un homme bien placé! On sait les ennuis que les curés lui ont fait ! Il a du déclarer solennellement le contraire pour éviter de se voir brûler sur un bucher, comme le mine Savonarole ! XXXX
L’homme connaissait la suite. Alors pourquoi conserver cette conception du monde dont s’étaient servis les auteurs humains, bien humains de la Bible, au risque de ne plus être compris par les hommes d’aujourd’hui ??
On lui avait aussi raconté que Marie était l’intermédiaire attitré entre nous et Jésus, on parlait de « médiatrice » ! Puisqu’elle était censé être monté là-haut avec un ascenseur particulier, elle était donc censé être vivante quelque part. C’est fou ce qu’on peut inventer ! On lui attribuait le fait d’être assez puissante pour obtenir de son Fils plus que ce que nous aurions obtenu nous-mêmes en le lui demandant directement ! Étrange, tout de même, sans parler du fait que les chrétiens étaient censés être privilégiés parmi tous les hommes de la terre puisqu’ils auraient accès à des faveurs particulières, un peu comme le citoyen qui s’adresse à son député ou à son maire pour bénéficier d’un avantage personnel, exclusif ! Cette image d’un Jésus qui se ferait avare de bienfaits à distribuer et qui se laisserait encore influencer… par sa mère, l’homme trouvait cela un peu cocasse, A son âge !! et puis, cette représentation du chrétien tel un privilégié des faveurs divines. Une belle histoire de corruption ! Comme si on n’en avait pas assez avec ces hommes politiques qui acceptent des bakchich !
 Un autre jour, on lui avait dit aussi que le curé qu’il pouvait côtoyer dans la rue était aussi un intermédiaire entre lui et ce même Jésus. Puis on lui avait dit que Jésus était notre intermédiaire avec Dieu le Père. Cela faisait beaucoup d’intermédiaires !! Mais pour la perte de ses clés, l’homme savait qu’il valait mieux s’adresser directement à Saint Antoine. Il se rappelait la chanson : « Saint Antoine de Padoue, vous qui faites trouver tout… » Par contre, pour les causes dites perdues, il savait qu’il valait mieux se tourner vers Sainte Rita. Il parait même que son tronc a l’église battait tous les records. Et où allait cet argent de la détresse ? Dans la poche du curé, certainement ; Rita n’avait pas de compte ouvert au Crédit Agricole, qu’on sache !… Ainsi de suite ! On ne savait plus à quel saint se vouer ! Mais il y avait un risque : comme dans le commerce ! Plus il y a d’intermédiaires, plus le produit est cher !
Tout cet échafaudage manquait de cohérence et donc de crédibilité à ses yeux.

Oui, c’était bien une crise de crédibilité dans cette institution qu’il avait vécue.
Il se réjouissait de ne pas avoir répondu à toutes les questions du papier remis par le préposé; il venait d’avancer dans son questionnement personnel.

Après tout, se dit-il, cette église, ce n’est qu’un Institution de religion qui se pose en intermédiaire. Des Institutions de religion, il y en a des centaines !  Comment ça fonctionne ?  ça comporte des dogmes qu’il faut croire à tout prix, même si on n’y comprend rien et même si ça n’a aucun intérêt pour votre vie quotidienne ; ça comporte en plus des obligations, des interdits, des péchés, de la culpabilité, beaucoup de culpabilité; et aussi des prêtres comme chez les juifs ou chez les égyptiens, toute une classe sacerdotale faite de privilégiés censés plus initiés que les gens simples, chargés de diffuser cette saine doctrine et surtout de surveiller le peuple. Et en plus, des gestes sacrés, réservés, des lieux sacrés, donc interdits aux profanes et des objets sacrés que ne devaient pas toucher les laïcs. Ainsi, chez les catholiques, il était interdit aux femmes, il y a encore quelques années, de toucher un calice ou un ciboire,  même vides !

Des obligations, il en avait connues tout plein et de toutes sortes! A une époque pas si lointaine, on lui interdisait de manger de la viande le vendredi ; il fallait la remplacer par du poisson. On lui avait expliqué plus tard que c’était une manœuvre commerciale pour favoriser les pécheurs et les marchands de poissons. Qu’est-ce que cela faisait dans un système religieux ! Peut-être s’agissait-il d’un moyen de contrôle de la population car en lui fixant des règles, on l’obligeait à se soumettre. « Si tu fais pas ça, c’est un péché; et si tu as péché, tu devras aller te confesser… à un prêtre ! » La boucle était bouclée ! Et la perspective de l’enfer dont on l’avait menacé n’était pas réjouissante; au Moyen-âge, les portails d’entrée des cathédrales le rappelaient aux fidèles qui venaient au culte par leurs sculptures ou ailleurs par des peintures multiples ! Il fallait donc aller à confesse pour « effacer » ce péché, Effacer ? Un peu comme avec une gomme à papier dessin; mais ce péché, rien à voir avec Jésus. Lui, il mangeait du poisson presque tous les jours. Il s’agissait seulement d’un ordre inventé par des curés !
Il y avait aussi l’obligation de la messe tous les dimanches et pour les grandes fêtes. L’obligation de communier au moins une fois à Pâques et donc de se confesser à un prêtre auparavant. Ah ! la confession des hommes pour Pâques ! Il avait vu les femmes du village se pointer le samedi près de l’église pour entrevoir ceux qui allaient se confesser ou le dimanche à la sortie de la messe des hommes pour savoir qui avait « fait ses Pâques », comme on disait ! Il y avait aussi l’obligation de faire baptiser ses enfants et de les envoyer au catéchisme.  L’obligation de cotiser au Denier du culte…
Beaucoup d’obligations qui n’avaient rien à voir avec Jésus.
Pour notre homme, c’est Jésus qui l’intéressait ! Dans le fond, il venait de considérer que toutes ces obligations, ce n’était pas la foi.
Et il avait décidé de s’en passer !

2 réflexions au sujet de « J’ai perdu la foi (suite 2) »

    ciccolady a dit:
    03/10/2019 à 19:39

    Oho, long and well written story:)

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      Balzac a répondu:
      15/08/2020 à 17:22

      Vero well ??

      Le sam. 15 août 2020 11:05, Vivre en Plein Jour parce que l’amour …… a beso

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